Déclaration de Robert Hue, Président du Mouvement Progressiste (MUP)
La décision d’une intervention militaire de la France en Syrie – fût-elle localisée – me semble dangereuse de conséquences d’embrasement du conflit, aléatoire quant à ses résultats, et lourde d’hypothèque quant à l’avenir d’une solution politique et diplomatique négociée durable.
Le Président de la République, dont j’ai soutenu – non sans fierté – la décision d’engager la France au Mali (un choix courageux, lucide et efficace), dit aujourd’hui vouloir sanctionner le régime de Bachar Al Assad pour l’acte criminel d’avoir employé les armes chimiques contre son peuple.
A ce sujet, et en l’état, quels que soient les certitudes et les indices dont les services français et américains peuvent disposer, ne pas attendre les conclusions de la mission de l’ONU, jetterait un sérieux discrédit sur cette organisation internationale dont le rôle doit, et devra, être majeur dans le règlement politique du conflit ; et placerait, de fait, la France dans une intervention sans mandat des Nations Unies.
Mais la sanction la plus lourde que nous puissions infliger à l’odieux régime de Bachar Al Assad n’est-il pas d’ouvrir le champ diplomatique le plus large possible à la négociation et à une solution politique avec la communauté internationale et en particulier les pays jouant un rôle central au Conseil de sécurité des Nations Unies ?
Une telle démarche, assortie de sanctions diverses visant à isoler à l’extrême Bachar Al Assad montrerait notre volonté de ne pas laisser sans réponse les crimes et les exactions que subit le peuple syrien.
Si l’opinion publique française apparait majoritairement hostile à des frappes militaires de notre pays en Syrie, c’est qu’un sentiment de sérieuses incertitudes pèse sur le danger d’extension du conflit, sur la solidité démocratique et laïque d’une alternative politique à Bachar Al Assad, et sur le risque de voir terriblement altéré le rayonnement international de notre pays et de sa diplomatie. Cette autorité ne vient-elle pas d’être reconnue à François Hollande à propos du Mali comme elle le fut, dans d’autres circonstances, lorsque Jacques Chirac avait refusé d’entrainer la France dans l’aventure en Irak.
C’est l’honneur de la France de contribuer à la seule issue durable au conflit syrien : la solution politique.