Après dix années passées à la tête du Parti communiste français, Robert Hue, aujourd’hui sénateur MUP (Mouvement unitaire progressiste) du Val d’Oise, s’interroge sur l’avenir des partis politiques. Dans un livre (« Les partis vont mourir… et ils ne le savent pas ! »), il analyse les raisons du déclin des partis et plaide pour une nouvelle organisation de la gauche.
Qu’est-ce qui vous fait dire que les partis sont mortels ?
Il n’y a pas de jour où les responsables politiques ne disent pas que le temps est venu du crépuscule des partis politiques. Même le Premier ministre dit que la gauche peut mourir. C’est possible sinon probable, mais j’espère, pour ma part, qu’elle n’est pas condamnée.
Vous semblez condamner le système des partis, mais ceux-ci n’ont-ils pas été les principaux contributeurs de notre démocratie ?
Les partis ont joué un rôle considérable qui a consisté à être le lien entre le peuple, les gens et les institutions politiques. Incontestablement, les choses se sont dégradées à un tel point qu’aujourd’hui, ils ne remplissent plus leur mission. Quand on regarde les sondages, on constate que 82 % de nos concitoyens considèrent que les partis politiques n’apportent pas les réponses que les gens attendent au quotidien. 85 % disent qu’ils ne font pas confiance aux partis politiques. C’est gravissime.
Si les partis traditionnels sont appelés à disparaître, il faudra bien remplacer le système actuel par autre chose.
Pensez-vous qu’à gauche, il sera possible de regrouper l’ensemble des formations qui se situent à la gauche de la gauche, du NPA aux frondeurs du Parti socialiste ?
Je ne crois plus au concept de parti. Et je ne crois pas qu’il puisse y avoir, en France, une structure capable de se rassembler autour de deux gauches. Il faut pourtant structurer la gauche, un rassemblement où on accepte de débattre sans pour autant faire tout éclater. Il faut mettre un terme à l’idée que le compromis est quelque chose qui conduit forcément au reniement.
Les partis sont peut-être mortels, mais il y en a un qui prospère. Comment peut-on contrer le Front national ? Le Front national prospère sur la base de la faiblesse des formations de gauche et sur l’attraction qu’il exerce sur une partie de l’électorat de droite. Mais le FN est lui aussi un parti pyramidal, et il connaîtra le même sort que les partis traditionnels parce qu’il est lui aussi enfermé dans la culture du chef.
Un article publié le 5 septembre 2014 sur www.letelegramme.fr
© Le Télégramme – Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/france/robert-hue-structurer-la-gauche-05-09-2014-10325096.php
© Le Télégramme – Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/france/robert-hue-structurer-la-gauche-05-09-2014-10325096.php
Photo MaxPPP