Quelle rentrée chaotique que celle de 2022 ! Malgré les discours pseudo-rassurants de la Première ministre, Elisabeth BORNE, et du ministre de l’Education nationale, Pap NDIAYE, nous ne pouvons hélas qu’être sceptiques et inquiets quant à l’accueil des élèves.
Exercice de calcul, pour commencer : cette année, plus de 4 000 postes ne sont pas pourvus aux concours dans le pays, sur 27 300 postes ouverts dans le public et le privé (et 850 000 enseignants au total). En même temps, l’Education nationale a recruté 3 000 enseignants contractuels, formés en quelques jours, pour pallier cette pénurie. « Plus de 80% des contractuels ont déjà enseigné », dit le ministre. Peut-être. Changer de vie professionnelle et se reconvertir est une étape totalement souhaitable pour toute personne qui le souhaite. Encore faut-il prévoir les formations et les recrutements adéquats. Un job dating de quelques minutes et une formation de 4 jours : pensez-vous que je pourrais devenir ainsi infirmier ou électricien ? Ce bricolage permanent inquiète tout autant les parents que les enseignants, car il ne suffit pas d’être un bon ou un expert dans un domaine pour savoir le transmettre aux plus jeunes : sans pédagogie, sans capacité d’écoute, cela en devient ridicule et totalement inefficace.
Exercice écrit et oral, maintenant. Le Conseil National de la Refondation, ce machin voulu par Emmanuel Macron et décrié jusque dans son propre camp, veut s’appuyer sur un modèle ultralibéral, dont certaines écoles marseillaises sont le laboratoire : un modèle éducatif variant d’une académie à l’autre, d’une localité à l’autre, au gré des enjeux socioéconomiques. Evidemment, tout cela sans réelle concertation avec les acteurs locaux, à part les élus et les entreprises. Il est également question de placer les lycées professionnels sous le joug du patronat : ce qui se dessine, c’est un modèle avec des jeunes en apprentissages mais peu qualifiés (validant des Certificats de qualification professionnelle plutôt que des CAP et des Bac Pro), autrement dit, à terme, en finir avec les diplômes et les conventions collectives, comme c’est déjà le cas dans le secteur sanitaire et social, avec un projet de convention collective unique au mépris des métiers, des qualifications et donc du savoir-faire de milliers de professionnels sur le terrain !
A propos, passons enfin à un exercice pratique. Comment les écoles, collèges et lycées peuvent-ils accompagner dignement les élèves les plus en difficultés quand les classes demeurent surchargées ? Pourquoi une formation et un statut d’AESH (Accompagnants d’élèves en situation de handicap) ne sont-ils pas véritablement créés ? Comment peut-on demander à une personne d’accepter ce type d’emploi si les postes ne sont qu’à temps partiel et en contrats précaires, alors que la scolarisation de ces enfants doit pouvoir être organisée toute l’année ?
Le Mouvement des Progressistes restera vigilant, auprès des associations de parents d’élèves et des syndicats d’enseignants, et oeuvrera pour un tout autre modèle que celui ultralibéral que nous connaissons aujourd’hui et qui laisse sur le côté des milliers d’enfants !
Nicolas Céléguègne
Délégué national du MdP à l’emploi et à la formation professionnelle