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Quel bilan pour le RN ?

Ainsi donc, au lendemain d’un résultat électoral pour les Européennes 2024 et de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, il faudrait prendre le risque d’un gouvernement sans doute dirigé par Jordan Bardella, sous le prétexte illusoire « qu’on n’a jamais essayé le RN » ? Voilà un inventaire non exhaustif du bilan calamiteux de la gestion du RN.

Justement, on a déjà essayé, comme le montrent les exemples concrets ci-dessous, relevés dans différentes sources : Europe 1, L’Express, La Croix, Le Point, TF1, Le Figaro, Ouest France, Le Parisien, LCP, France Info, Libération, Le Monde. Des médias pas vraiment réputés pour être proches des « islamogauchistes » et des « bobos écolos » que le RN déteste plus que tout (avec les immigrés, bien sûr).

• Un souvenir d’abord douloureux pour les Marseillais : celui d’Ibrahim Ali, un jeune de 17 ans sans histoires qui s’est trouvé, en 1995, au détour d’une rue, face à des colleurs d’affiches de l’ex-FN, dont l’un a sorti son arme pour le tuer lâchement dans le dos. L’avenue en question a été rebaptisée du nom de ce gamin. Bruno Mégret déclara, pour se justifier, qu’il y a « trop de Comoriens » à Marseille.
• Augmentation de l’indemnité du maire de 7 % par celui de Mantes-la-Ville, au moment où les subventions aux associations ont été divisées par deux et où le nombre d’agents municipaux a baissé de 20 %.
• Coupure volontaire d’électricité et de gaz au Secours Populaire (encore un noyau dur des bolcheviques !) à Hayange.
• A Hénin-Beaumont, 531 000 euros de dépenses d’installation et de maintenance de la vidéosurveillance (l’équivalent de 35 400 livres pour une bibliothèque).
• A Orange, rétention d’information et absence de débat démocratique au conseil municipal (Suite aux débordements aux conseils municipaux, le maire procédera directement au vote chaque fois que l’opposition lui déniera le droit de répondre, était-il écrit sur les panneaux d’affichage électroniques de la ville).
• Au Luc, adoption d’une charte illégale Ma commune sans migrant et non respectée par bon nombre d’habitants (c’est tout à leur honneur).
• A Vitrolles, la majorité des cadres municipaux étaient des contractuels et non des fonctionnaires, ils n’avaient aucune expérience ni formation concernant la gestion, si bien que la mairie a recruté des consultants extérieurs pour son budget prévisionnel. La place Nelson Mandela a été rebaptisée en place de Provence. Le square Dulcie September, militante sud-africaine anti-apartheid assassinée, s’est transformé en square Marguerite de Provence (reine de France, 1221-1295). Pire encore : abandon des parcs et jardins, délabrement des écoles.
• A Marignane, suppression, dans les bibliothèques de la ville des abonnements à Libération, L’Evénement du jeudi, au profit de Présent, National Hebdo, Rivarol.
• En Guyane, deux colistières inscrites sur la liste de candidats à leur insu. Certains faisaient voter les morts, d’autres construisent leurs équipes sans l’accord des intéressés…
• A Villers-Cotterêts, ville natale du père d’Alexandre Dumais (fils d’esclave), le maire a décidé de ne pas participer à la commémoration de l’abolition de l’esclavage.
• A Toulon, le maire et son épouse ont été condamnés pour détournement de fonds publics (Madame bénéficiait d’un emploi fictif) et complicité d’abus de confiance.
• Au Pontet, suppression de la gratuité de la restauration scolaire pour les plus démunis.
• Entre autres faits consternants, à la mairie des 13ème et 14ème arrondissements de Marseille, des vœux organisés pour un montant de 100 000 Euros (le budget annuel pour 2941 enfants scolarisés). L’ex-maire et sénateur Stéphane Ravier, qui a rejoint Reconquête, a été condamné à six mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêts, pour avoir fait embaucher son fils à la ville de Marseille.
• Le guide pratique de l’élu FN (édité avant les élections municipales de 2014, que Le HuffPost s’était procuré en exclusivité), demandait clairement à ses élus de voter contre toutes les subventions aux syndicats locaux et aux associations tournées vers l’international.
• Le conseiller régional RN du Morbihan Florent de Kersauson a été condamné à 50.000 euros d’amende, dont 30.000 avec sursis, assorti d’une interdiction de gérer une entreprise pendant 5 ans, après avoir fait appel de sa condamnation, pour une série de délits financiers commis entre 2015 et 2017 : abus des biens ou du crédit d’une société par actions par un dirigeant à des fins personnelles, abus de pouvoir, non-établissement de l’inventaire, des comptes ou du rapport de gestion et non soumission des documents comptables à l’assemblée générale.
• La Cour européenne des droits de l’homme a débouté à deux reprises l’élu RN Julien Sanchez, qui contestait sa condamnation pour des commentaires sur sa page Facebook appelant à la haine contre les musulmans, qu’il n’avait pas supprimés assez vite.
• Élu député de la 7e circonscription du Var, Frédéric Boccaletti a fait quatre mois de prison pour des faits de violence avec arme, pour des faits remontant à 2000. Une bagatelle : des violences commises pendant un collage d’affiches avec un autre sympathisant du MNR (le mouvement de Bruno Mégret). Une rixe les avait opposés à cinq jeunes à Six-Fours, durant laquelle deux coups de feu ont été tirés. Les jeunes avaient expliqué avoir été traités de « sales nègres ». Les colleurs d’affiches ont rétorqué avoir été qualifiés de « sales fachos ». En outre, il assurait détenir une arme pour protéger sa librairie, Anthinéa, ouverte à Toulon et accusée d’être antisémite et négationniste. Il avait déclaré à l’AFP : « Je rendais hommage à Charles Maurras, ça j’assume, c’était une librairie de droite nationale, mais qui ne vendait pas d’ouvrages racistes, xénophobes ou négationnistes ».
• Trois ex-collaborateurs du groupe d’élus RN au Conseil régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur ont été condamnés pour escroquerie à des peines allant de quatre mois à six mois de prison avec sursis, assorties d’un travail d’intérêt général de 150 heures. Encore un délit mineur : ils « pointaient » leur présence, alors qu’ils ne se trouvaient pas au Conseil régional, en partageant leurs codes de connexion au logiciel de pointage de la collectivité territoriale. En 2018, c’est en moyenne 200 heures qui ont ainsi été indûment enregistrées et non effectuées par chacun d’eux.
• Conseiller municipal de Vimoutiers (Orne) et candidat aux législatives pour le Rassemblement national en 2022, Alexandre Morel a été condamné à dix mois de prison avec sursis, pour des violences commises envers son épouse et leurs trois enfants.
• Le parquet de Draguignan a ouvert une enquête préliminaire visant la mairie de Fréjus, dirigée depuis 2014 par David Rachline, pour des soupçons de « prise illégale d’intérêts » et de « favoritisme » en marge d’attributions de marchés publics. Cette procédure fait suite à la parution de l’enquête de Camille Vigogne, journaliste à L’Obs, Les Rapaces. Enquête sur la « mafia varoise » de Marine Le Pen (Les Arènes).
• L’eurodéputé Rassemblement national Hervé Juvin a été condamné à 10 000 euros d’amende en appel pour violences sur son épouse. Le RN lui a tout de même demandé de quitter les groupes auxquels il est rattaché au Parlement européen et au Conseil régional Pays de la Loire.
• N’oublions pas, enfin, l’affaire des assistants du RN au Parlement européen, qui sera jugée à l’automne 2024 : Marine Le Pen et 26 autres personnes seront jugées pour détournement de fonds publics, c’est-à-dire d’avoir salarié avec des fonds européens des collaborateurs qui travaillaient en réalité pour le RN.

Le FN devenu RN aurait-il changé depuis ses premières expériences de présence dans les instances municipales, régionales, nationales, européennes ? Nous savons bien que non. Bien sûr, les élus concernés ont contesté, attaqué en justice, modifié parfois leurs pratiques, baissé les impôts locaux… Ils sont souvent été condamnés pénalement, surtout ! Mais qui peut contester ce bilan catastrophique ? On me rétorquera que ce n’est pas forcément avec certaines élus PS ou LR. Ce n’est pas faux, mais ils ont été condamnés, eux aussi, à juste titre…
C’est bien le RN qui veut à la fois promouvoir un Etat autoritaire, une chasse aux fraudeurs aux aides publiques, mais qui fait la girouette sur la question des retraites, de l’assurance chômage, qui vote contre des mesures sociales et sociétales comme l’IVG ou la PMA, qui veut en finir avec l’Europe mais présente quand même des candidats ?
Alors, non, définitivement non au RN les 30 juin et 7 juillet 2024 !

Nicolas Céléguègne, Délégué national du MdP à l’emploi et à la formation professionnelle

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