Les larmes des plus petits qui ont fait leur première rentrée sont à peine sèches, les inquiétudes de leurs parents à peine levées… il est pourtant déjà temps de faire un premier retour sur la rentrée scolaire.
Une rentrée marquée par un invraisemblable bruit médiatique autour de la question de l’organisation de la semaine scolaire.
Une poignée de maires (de droite pour la plupart) ont choisi de se mettre en scène en tant qu’ « opposants à la réforme ». Accès aux écoles cadenassés, pseudo travaux à réaliser d’urgence, soi-disant difficultés à recruter des animateurs… tout a été bon pour « faire du buzz » et semer le doute dans les esprits. Leurs gesticulations ont été largement relayées par une presse à l’affût. Dans ce contexte, comment s’étonner qu’un sondeur ait pu mesurer que 60 % des familles se prononçaient contre la mise en œuvre de la nouvelle organisation de la semaine scolaire ? La réalité de la très grande majorité des 36 000 communes de France est bien différente : partout où chacun a bien voulu faire preuve d’intelligence et de volonté de construire de nouvelles perspectives pour l’Ecole les choses se sont plutôt bien déroulées. Il y a certes quelques réglages à effectuer, quelques problèmes mineurs à régler, c’est une évidence. La question des moyens dont peuvent disposer les communes pour organiser ce nouveau temps n’a pas encore trouvé de réponse totalement satisfaisante et pérenne : comme le demande la FCPE, l’état doit s’engager dans une pérennisation des aides attribuées aux communes pour permettre à celles-ci de s’engager à plus long terme sur cette organisation. Les mécanismes de péréquation doivent être activés au plus vite pour permettre aux élèves des territoires les moins riches de bénéficier d’activités ambitieuses et variées qui viennent en complément de ce que les enseignants développent dans leurs classes. C’est là un des enjeux majeurs de la loi de Refondation de l’Ecole, voulue par le Président de la République et par Vincent PEILLON : Plus d’école, mieux d’école, une école ouverte pour faire en sorte que notre système éducatif soit en situation de répondre aux objectifs d’émancipation et de progrès social pour le plus grand nombre. C’est parce qu’ils ont toujours eu la conviction que cette ambition était un élément essentiel d’un projet politique de gauche que les progressistes ont soutenu, encouragé et défendu cette réforme.
Aujourd’hui, force est de constater que sa mise en œuvre est plus difficile que prévue : une communication désastreuse qui a focalisé l’attention de tous sur la « question des rythmes » alors que les enjeux majeurs n’étaient pas suffisamment expliqués et défendus devant l’opinion mais aussi devant les acteurs du monde éducatifs parents et professionnels de l’éducation. Des charges nouvelles pour les communes avec toutefois la volonté de ne pas imposer un modèle unique pour faire en sorte que les réponses soient construites au plus près du terrain, des besoins des élèves et des écoles… l’ouverture prématurée de perspectives dérogatoires qui ont profondément brouillé l’image du service public d’éducation nationale en laissant penser que la règle du jeu n’était pas la même pour tous… Il est aujourd’hui trop tard pour réparer ces erreurs, ces cafouillages. Nous devons sans craintes continuer à soutenir la démarche engagée pour que les efforts consentis par notre pays pour remettre à flots son système éducatifs produisent les effets attendus. L’école c’est le fondement, le ciment de notre société, lui consacrer des moyens c’est investir pour l’avenir (voir à ce sujet le long développement que consacre Robert HUE à la question éducative dans son livre récemment publié).
La priorité budgétaire donnée à l’éducation
N’en déplaise aux esprits chagrins, rares ont été les couacs pourtant habituels en ces périodes de rentrée. Réintroduction d’une formation initiale des enseignants dans les ESPé qui permet de revenir sur la plus catastrophique des décisions de l’ère Sarkozy, remise en place de postes de RASED, relance des réseaux d’éducation prioritaire, implantation de maîtres surnuméraires dans les écoles… Autant de mesures concernant l’école élémentaire qui vont dans le bon sens, qui méritent d’être poursuivies, confortées, confirmées pour être effectives dans tous les territoires. L’effort sans précédent de création de postes dans un contexte économique particulièrement défavorable est une réalité, une réalité parfois difficile à percevoir tant le rattrapage à accomplir est important, tant les chantiers à ouvrir sont nombreux.
Aujourd’hui, une attention particulière doit être portée à la situation des enseignants pour rendre à nouveau attractives les carrières des métiers de l’éducation. La désaffection des étudiants, en particulier scientifiques, pour les concours de recrutement de l’Education nationale est un problème particulièrement préoccupant. Pour le résoudre, il faut bien évidemment améliorer les rémunérations (un jeune prof débute avec un salaire mensuel de 1 368,38 € nets avec une formation universitaire à Bac + 5 au moins !), offrir des perspectives de carrière plus intéressantes.
Il faut aussi améliorer les conditions d’exercice du métier (et donc par voie de conséquence directe celles de la scolarité des élèves, collégiens, lycéens et étudiants…), ce qui passe par une réflexion sur les effectifs des classes, sur l’équipement matériel des établissements de l’école maternelle à l’université (l’annonce par le Président de la République à la rentrée d’un nouveau plan numérique sera-t-elle traduite dans les faits et sous quelle forme ?).
Et enfin, c’est presque le plus important (et à coup sûr le plus difficile !), il faut redonner confiance aux acteurs de l’école, réaffirmer l’importance de leur action dans la transmission des valeurs républicaines aux plus jeunes, véritable fondement du pacte social, du vivre ensemble. Pour cela, l’école doit être préservée, protégée des instrumentalisations dont certains se sont fait une spécialité (cf. les tombereaux d’ordures qu’on a pu lire sur la question du genre ou l’ignominieuse campagne qui a accompagné la désignation de la nouvelle ministre). L’école a besoin de sérénité, d’engagements sur le long terme.
Alors, en conclusion de ces quelques lignes, nous réaffirmerons le soutien sans réserve des progressistes à la démarche de refondation. Il y a certes des impatiences légitimes, une impression de verre à moitié plein… Ne perdons pas de vue que le breuvage qu’il contient est vraiment remarquable.