Le fossé qui sépare les citoyens de l’Union européenne et ses dirigeants semble se creuser encore, hélas ! Au risque de l’éclatement, le temps de la présidence française devrait négocier des politiques communes innovantes pour conjurer une crise existentielle majeure. On peut en douter au regard des projets du Président Macron.
Un déficit démocratique évident…et redondant !
Si l’élection du Parlement européen depuis 1979 est un acquis, il reste à contrôler la Commission, véritable empire noyauté par les lobbys. La Commission devrait être élue au suffrage universel. Avec le Traité de Maastrich (1992) et les conditions de sa ratification, le manque d’explication et de débats contradictoires est apparu au grand jour en France comme dans les autres pays, renforcé par le rejet du Traité constitutionnel en 2005 (France et Pays bas).
Et à marche forçée, l’intégration européenne est passée en dix ans de 15 à 27 membres sans que soit conforté un réel sentiment de communauté de destin.
Non à la guerre !
« Nous ne coalisons pas des états, nous unissons des hommes » disait Jean Monnet. Cependant la poignée de main Mitterrand-Kohl constitue désormais une image d’Epinal. Rappelons que cet idéal de l’après-guerre, la Paix, a déjà été écorné par la guerre en Yougoslavie (1991-2001).
L’intégration politique accrue dans le domaine de la défense, est-ce céder aux ingérences de Joe BIDEN via l’OTAN, ou bien accepter la menace impérialiste de Poutine qui pourrait mordre dans les Etats baltes ? Ni l’un ni l’autre selon nous ! Une Europe de la défense suppose avant tout pour la France d’être crédible sur le contrôle de ses ventes d’armes et d’engager un processus de ratification d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Ce préalable semble bien éloigné de la réalité du terrain sous la présidence d’Emmanuel Macron.
Une Europe aujourd’hui au service du capital plutôt que des peuples !
N’oublions jamais notre permissivité face à l’étranglement de la Grèce et, dans une moindre mesure, celui de l’Italie sous le joug du FMI et de la BCE pour « sauver » l’économie de ces pays contre les peuples (conditionnalité de l’aide au sauvetage des banques, restructuration de la dette publique) ! Car c’est bien le vécu par chaque peuple du contexte économique qui détermine en retour la perception citoyenne de l’intégration européenne. « La concurrence libre et non faussée » dans la joie nous aurait-on vanté !
Si le taux de chômage reste élevé, que les délocalisations se poursuivent, que la solidarité sociale devient friable, l’euro-indifférence, le souverainisme et les populismes prolifèrent. Voilà l’Europe aujourd’hui ! L’Europe des riches et ses puissants !
On ne mesure pas encore tous les effets délétères du Brexit. Le dumping social persistera tant qu’une harmonisation des salaires ne sera pas effective et les prestations sociales (assurance maladie, chômage) prises en charge par le pays d’origine des travailleurs.
Nous pouvons compter sur Emmanuel Macron pour promouvoir un salaire minimum européen qui risque fort de ne s’apparenter qu’à des « mini-jobs », avec toujours plus de flexibilité pour contourner les avancées sociales émancipatrices !
Progressistes français et européens ! Citoyens du monde !
Non, il n’y a pas une horde de réfugiés à nos frontières mais bien des femmes et des hommes qui fuient l’oppression et la misère ! La négociation sordide avec des pays totalitaires ne fait que renforcer le trafic d’êtres humains, la création de zones de non-droit et de centres de rétention hors de toute protection juridique.
Nous avons un devoir d’humanité et il convient de consommer la rupture entre l’assimilation néo-coloniale et l’ intégration.
Notre Europe est celle d’une espérance, celle des échanges entre les jeunes, notamment grâce à Erasmus !
Conforter un cursus, apprendre à connaître et respecter une autre culture. C’est essentiel !
Et l’agriculture ?
Ce n’est pas le moindre des paradoxes de souligner le consensus du soutien à la PAC dont la France est le premier bénéficiaire.
Comment s’étonner dès lors du maintien d’une agriculture productiviste qui ne vise toujours pas à l’auto-suffisance alimentaire, à l’amélioration qualitative des productions vers du local, du bio accessible pour tous, la baisse drastique des intrants dans le respect de la biodiversité ?
En conclusion, aujourd’hui, le dépassement du Capitalisme, le dépassement de l’Etat-Nation restent nécessaires. Construisons ensemble une Europe écologiste, solidaire, sociale, inclusive, une Europe des peuples et non des marchés financiers !
Jean COUTHURES, Porte-parole national du Mouvement des Progressistes