Par Nicolas Céléguègne, délégué du Mouvement Progressiste (MUP) Marseille
Roms, Tsiganes, Gitans, « gens du voyage », tels sont les mots que nous employons pour parler d’eux. « Ils roulent en Mercedes, volent les passants dans la rue, cambriolent les maisons, fouillent dans les poubelles, et touchent l’aide au retour au pays ». Tels sont les propos que nous entendons chaque jour. Mais qui sont ces femmes et ces hommes qui dérangent autant certains politiques et une partie de la population ? L’ignorance étant l’un des leviers du racisme, il est bon de tenter d’apporter quelques éléments.
Le terme « Roms » signifie « homme » en Romani, une langue très ancienne, qui remonte au XIème siècle. Les premières populations se sont déplacées du Gange en Inde puis ont émigré, très progressivement, en traversant l’Asie pour rejoindre l’Europe. Elles sont arrivées en France au XVème siècle. Les Roms sont alors reçus par les Aristocrates européens, auprès desquels ils ont trouvé une protection : l’un d’entre eux a édité, en Bohème (région de la République tchèque actuelle), un sauf-conduit, c’est pour cela qu’ils ont été nommés « Bohémiens ».
Il y a eu sans doute bien des confusions, des interprétations diverses et politiques, pour qu’on les appelle également Tsiganes, du nom d’une ancienne secte d’Asie mineure et disparue à la même époque que l’arrivée des Roms en Europe. Ce sont des périodes d’esclavage et de persécutions en Europe occidentale, puis le génocide perpétré par les Nazis (entre 220 000 et 300 000 déportés), qui ont remis à jour ce terme de Tsiganes. Ces populations ont toujours été des « boucs émissaires » en situation de crise, notamment depuis la chute du mur de Berlin. Dans le sud de la France et en Espagne, où ces populations se sont mélangées et développées, c’est le mot « gitan » qui est utilisé. Les Manouches, quant à eux, sont ceux qui vivent dans l’Est de la France.
Pour mettre fin aux connotations imprégnées de représentations négatives et cautionnant les politiques d’exclusion, et pour ne pas utiliser une appellation ethnique, la France a opté pour le terme juridique et administratif « gens du voyage ». Pourtant, dans notre pays, les Roms désignent actuellement les Roumains et Bulgares qui émigrent vers la France. Bien évidemment, l’histoire de ces peuples mériterait un bien plus long développement, mais nous comprenons mieux déjà d’où ils viennent.
Pourquoi ces peuples dérangent-ils autant ? Sans doute parce qu’ils attisent notre curiosité et nos stéréotypes sur ces voyageurs, nomades, artistes qui se déplacent de ville en ville, et dont on connaît partiellement, grâce aux médias, la musique, le cinéma ou le cirque… Ils exercent une certaine fascination, empreinte de jalousie peut-être pour les sédentaires casaniers que nous sommes. A contrario, ils attirent les accusations de vols, sont considérés comme envahisseurs quand ils occupent des terrains sans autorisation. Ces mamans qui mendient dans la rue avec leurs bébés dans leurs bras nous révulsent. Ils ne sont pas Français, et n’ont pas de titre de séjour les autorisant à travailler. Ils sont rejetés en Roumanie et de Bulgarie. Pourtant ils sont citoyens européens ! Où peuvent-ils dont mener une vie digne ?
Ce que nous pouvons faire pour aider ces populations :
1) Intervenir auprès du parlement européen pour qu’une réelle politique soit mise en œuvre, en concertation avec les différents pays d’accueil
2) Exiger de nos municipalités qu’elles respectent la loi dite « Besson 2 », du 5 juillet 2000, obligeant les communes de plus de 5000 habitants à prévoir des emplacements de séjour dans des conditions dignes
3) Travailler sur l’accompagnement durable des familles, avec les services municipaux, les écoles, les associations, les bailleurs
4) Intervenir systématiquement auprès des médias dès qu’un élu prononce des propos indignes de nos principes républicains
5) Proposer d’inclure, dans les programmes d’histoire géographie sur la Seconde Guerre Mondiale, des contenus plus importants sur les persécutions des populations Roms.
Si nous étions dans le même cas, une population dont personne ne veut, qui a pourtant une histoire millénaire, une culture, un mode de vie, comment réagirions-nous ?