Par Dimitri Bandini, membre de l’Exécutif national du MUP, Conseiller municipal d’Avon (77).
L’Italie connait une crise politique depuis plusieurs années. Les élections générales qui se sont tenues en février dernier ont débouché sur une équation impossible rendant le pays ingouvernable en l’absence de majorité claire. La réélection du Président Giorgio Napolitano (88 ans) ce week-end est une nouvelle illustration de cette crise politique.
Malgré la majorité absolue de gauche détenue par leParti démocrate (PD) à la Chambre des députés, le Sénat se divise en trois blocs qui se neutralisent : la gauche, la droite de Berlusconi et le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo (ex-humoriste).
L’intransigeance – pour ne pas dire le sectarisme – de Beppe Grillo sur tout accord politique avec le Parti démocrate empêche toute constitution d’un nouveau gouvernement depuis fin février.
Le Mouvement 5 étoiles, caractérisé par un discours volontairement populiste, en refusant de s’inscrire dans le cadre institutionnel italien, impose une situation de blocage politique ouvrant la porte à de nouvelles élections dans les semaines à venir.
Outre le blocage politique, l’attitude de ce mouvement populiste favorise le retour en force de la Droite berlusconienne, particulièrement revancharde après sa relative défaite en février.
La stratégie du « tous pourris » incarnée par Beppe Grillo n’apporte non seulement aucune réponse concrète et crédible aux Italiens, mais renforce un peu plus encore la défiance et le dégoût des citoyens à l’égard du monde politique.
Cette « radicalité punitive » à l’égard de la Politique est dangereuse et totalement stérile.
La situation en Italie n’est pas sans rappeler le contexte politique en France.
L’attitude et le discours populistes de Jean-Luc Mélenchon ne visent d’abord qu’à nuire au gouvernement. Que certains à gauche critiquent la politique social-démocrate menée par le gouvernement est légitime. Il est certain que les réformes à entreprendre devraient être d’une autre ampleur et s’attaquer bien plus au monde de l’argent.
Toutefois, chacun à gauche doit veiller à ce que la critique ne soit pas un moyen de favoriser la droite et l’extrême-droite en embuscade.
Il est faux et dangereux de penser que les nécessités de rupture avec la politique menée seraient synonymes d’opposition.
Il est tout aussi dangereux pour une partie de la gauche de miser sur la défaite d’une partie d’entre elle. Cette stratégie aboutit toujours sur une défaite collective.
Les « deux gauches » qui s’affrontent aujourd’hui – gauche dite radicale et gauche dite social-démocrate – s’appuient sur des échecs. La crise dans laquelle nous sommes nous oblige au contraire à sortir des schémas traditionnels. À commencer par l’idée qu’il existerait deux gauches irréconciliables.
En Italie, en France, et plus globalement en Europe, les populismes gagnent du terrain. Le discours est simpliste et séduisant. Mais lorsqu’il s’agit de prendre ses responsabilités et de gérer, les choses sont bien différentes et il est facile de fuir !
En France comme en Italie, la gauche n’est pas majoritaire. Le rassemblement de la gauche et des forces de progrès n’est pas une option. C’est un devoir.