C’est avec une profonde émotion que je viens d’apprendre la disparition brutale de Jean-Marie Barbier, président de la puissante Association des Paralysés de France (APF) de mars 2007 à avril dernier, décédé ce 22 octobre des suites d’une atteinte cérébrale, à 55 ans. En raison de problèmes de santé, il avait été contraint de quitter la présidence de l’APF avant la fin de son second mandat.
Faisant preuve d’une très grande humanité dans la défense des personnes en situation de handicap et de leurs familles, Jean-Marie Barbier aura été jusqu’au bout un homme de convictions et d’engagements au service des droits des personnes porteuses de handicap, situation qu’il vivait lui-même depuis sa naissance.
Je garderai de nos différentes rencontres, mais aussi de nos réguliers échanges par courriels, l’image d’un homme profondément engagé de façon jusqu’ici inédite en faveur d’une reconnaissance pleine et entière de la citoyenneté des personnes en situation de handicap et pour l’accès au droit de tous à tout.
Inlassablement, il se sera ainsi battu jusqu’au bout pour la prise en compte du handicap, non d’un point de vue particulier mais comme une nécessaire prise en compte politique transversale.
Lors de l’une de nos dernières rencontres, il m’avait d’ailleurs confié qu’une telle conception représentait, à ses yeux, un véritable projet de société propre à faire progresser les droits et situations de l’ensemble des femmes et des hommes, valides ou non.
Il avait d’ailleurs accepté durant l’été, sur le principe, d’être un des « grands témoins » lors des « Rencontres du handicap » que le Mouvement Progressiste projette d’organiser début 2014.
Jean-Marie Barbier avait aussi porté avec courage et enthousiasme le plaidoyer de l’APF pour « Construire une société ouverte à tous ».
C’est aussi sous sa présidence que l’Association des Paralysés de France avait adopté en 2011, lors du congrès national de Bordeaux, son projet associatif 2012-2017 intitulé « Bouger les lignes, Pour une société inclusive », document où l’APF prône une société où ce n’est pas aux personnes en situation de handicap de s’adapter à la société mais à cette dernière de créer les conditions de leur intégration pleine et entière. Je me souviens d’ailleurs qu’à cette occasion il n’avait pas hésité à déclarer que les choix du gouvernement Fillon d’alors pouvaient « s’apparenter à une véritable faillite des politiques publiques dans le champ du handicap ».
A l’heure où la volonté de la nouvelle majorité politique affiche une volonté réelle de rattraper les retards dans la mise en oeuvre de la loi de février 2005 sur le handicap – malgré certaines contradictions dans les choix budgétaires – la voix de Jean-Marie Barbier manquera à la fois pour tous les adhérents de l’APF et ses salariés aujourd’hui endeuillés mais aussi à tous les hommes et les femmes qui luttent pour des avancées citoyennes universelles.
Si mes pensées vont naturellement à la famille de Jean-Marie Barbier, à l’APF et plus généralement aux personnes en situation de handicap qui viennent de perdre un être cher et un ardent défenseur, je veux dire, au nom du Mouvement Progressiste, que nous porterons avec humilité ses valeurs de progrès, que nous partageons, en plaçant comme lui le citoyen au coeur des enjeux d’avancées concrètes de la société.