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Moi, Robert Hue, je persiste et signe pour François Hollande !

LE PLUS. Après avoir créé le Mouvement Unitaire Progressiste en 2009, le communiste Robert Hue s’est engagé à la veille de la présidentielle en faveur d’une candidature commune de la gauche et a soutenu, dès le premier tour, François Hollande. Pour l’ancien candidat du Parti communiste français à la présidence de la République (1995 et 2002), il faut rassembler la gauche.

Édité par Mélissa Bounoua

François Hollande et Robert Hue le 13 septembre 2008 à La Courneuve (M. MEDINA/AFP)

 François Hollande et Robert Hue le 13 septembre 2008 à La Courneuve (M. MEDINA/AFP)

Nous sommes dans une élection présidentielle où le second tour ne se fait pas dans une coalition de partis mais autour du projet de François Hollande. Il est arrivé – et c’est inédit – en tête au premier tour face à un candidat de droite et président sortant.

Je me félicite que la gauche et les écologistes se soient rassemblés spontanément dès dimanche soir. Il faut maintenant aller au-delà : rassembler les hommes et les femmes qui, au premier tour, n’ont pas fait le choix de la gauche mais veulent maintenant le changement et préfèrent pour la France François Hollande, plutôt que 5 ans de sarkozysme aggravé.

Un soutien, pas un ralliement

C’est dans cet esprit que j’ai soutenu François Hollande dès le 22 avril. Cette démarche n’est pas un ralliement : je ne suis pas socialiste et je n’entends pas le devenir. Je reste attaché à ma culture communiste et souhaite, avec le Mouvement progressiste (MUP) que j’ai initié, contribuer à la diversité du rassemblement de la gauche et au changement nécessaire à la France.

Ainsi, lorsque le 12 avril j’ai appelé ceux de ma famille de pensée communiste qui étaient dans le doute à voter François Hollande dès le premier tour, et à éviter la dispersion de la gauche, je l’ai fait sur la base de ma propre expérience de campagne électorale. Je l’ai fait – non pas pour contrecarrer la dynamique dont semblait bénéficier le Front de gauche – mais je l’avoue, parce que mes rencontres sur le terrain, par exemple avec des ouvriers et syndicalistes de la métallurgie ou du monde agricole à Clermont-Ferrand, ne manquaient pas de m’inquiéter.

Certains me disaient – sans aucune retenue – s’apprêter avec d’autres à voter Front national le 22 avril pour faire entendre leur révolte. Alors, mon appel à porter François Hollande le plus haut possible au premier tour ne participait nullement du vote utile mais d’une inquiétude réelle quant à l’issue possible d’un scrutin jamais gagné d’avance.

La structure diverse de l’électorat du Front de gauche

Certains m’interrogent aujourd’hui sur la stratégie du Front de gauche. L’heure n’est pas à ce type d’analyse. Mais à rassembler toutes les forces progressistes pour battre Nicolas Sarkozy et engager avec François Hollande une politique de changement. Et je comprends la déception voire l’amertume que peuvent connaitre celles et ceux qui ont mené, non sans espoir, la campagne de Jean-Luc Mélenchon.

Mais je crois plus fondamentalement que c’est dans la structure même, très diverse, de l’électorat Front de gauche, voire dans le caractère hétérogène de sa sociologie que réside, au bout du compte, un résultat honorable mais inférieur au score annoncé à longueur de médias et de sondages. Ce qui explique sans doute pourquoi beaucoup d’hommes et de femmes de gauche ont eu le sentiment que la gauche ne pouvait se construire – durablement – dans une opposition à une autre gauche.

J’ai lu les derniers propos du député communiste André Gerin qui relève, je le cite, que « le score de Jean-Luc Mélenchon est à peu près celui de Robert Hue en 1995 ». Je ne partage pas cette remarque car les 8,6% des suffrages que j’ai eu l’honneur d’obtenir l’étaient au nom du Parti communiste français. Et le total de la gauche non socialiste s’élevait alors à plus de 17%. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, ce total atteint 15%. A l’époque, dès le soir du premier tour, j’ai appelé au nom du PCF à utiliser le bulletin de Lionel Jospin pour battre la droite au second tour. Mais la gauche et les écologistes ne rassemblaient alors que 40% des suffrages contre 44 maintenant. Les conditions d’aujourd’hui nous permettent de penser que la victoire est à notre portée.

Propos recueillis par César Armand.

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