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Mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade !

jp mauricePar Jean-Paul MAURICE, MUP Val d’Oise

Les questions liées à la santé et à la protection sociale sont doublement au cœur de l’actualité. Et Le dramatique accident d’une mère perdant son enfant sur l’autoroute la conduisant à l’hôpital pose une nouvelle fois, de façon brutale, la question de l’organisation des soins et de l’égalité des territoires.

Mettre un terme à l’activité d’un certain nombre de structures de soins au nom du manque d’expérience des équipes médicales, telle était l’orientation de la loi HPST… ce choix, justifié aux yeux des auteurs de la loi par la réduction des risques encourus dans les situations les plus délicates (ce qui était le cas de cette femme), est indéfendable puisque la question essentielle de l’efficacité des transports disponibles vers les pôles d’excellence n’a pas été traitée simultanément.

La Suède qui ne compte par exemple que 9 services d’accouchement a quant à elle organisé un service de transport par hélicoptère et détient la première place dans ce domaine en Europe.

Vouloir réduire les déficits de la Sécurité sociale, vouloir maîtriser les couts de la santé, c’est bien ! Mais, clairement, cela ne peut se faire au détriment de la santé des populations.

Il faut donc remettre à plat l’ensemble de l’organisation du système de soins pour assurer à tous, quel que soit le territoire, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, quelles que soient ses ressources, un accès à des soins performants, adaptés.

Pour les progressistes, il faut donc revoir l’ensemble des décisions prises au nom de la loi HPST, ce qui passe en tout premier lieu par l’ouverture, en urgence, d’un chantier relatif à l’organisation des soins de premiers recours, en lien avec la réalité géographique des territoires. Désengorger les services d’urgence des hôpitaux par la création de maisons médicales, au plus près des populations, dans les quartiers ou bien dans les secteurs les plus ruraux, peut-être une première réponse.

 

Le second sujet d’actualité concerne de façon plus générale le financement de la protection sociale, avec en particulier l’interminable « négociation » entre les médecins, l’assurance maladie et les complémentaires-santé à propos des dépassements d’honoraires qui ont été, faut-il le souligner, autorisés en 1980 par Raymond Barre.

La notion de « tact et mesure » qui les accompagne devait conduire à l’autorégulation des médecins en la matière… Leur montant s’élève en 2011 à 2,4 milliards d’euros dont 2,1 milliards pour les seuls spécialistes, soit environ 12 % du montant global des honoraires perçus par les médecins.

Environ 25% de médecins y ont recours, dont 16 % chez les généralistes et 85 % chez les chirurgiens libéraux avec pour certains d’entre eux des dépassements au-delà de l’entendement !!!

A noter que le principal syndicat de généralistes, MG France, se bat aussi contre les dépassements qui ternissent l’image de tout le corps médical.

A quoi pourrait conduire une négociation dans de telles conditions ?

Dans le meilleur des cas, au gel d’une situation installée progressivement, de dérive en dérapages mal contrôlés…

Pour les progressistes, la réponse est claire : il faut tout bonnement interdire les dépassements d’honoraires. Les autorités se trompent lorsqu’elles acceptent de céder, une fois de plus, à la pression du lobby de quelques médecins. Le dispositif de sanctions envisagé est d’une telle complexité qu’il sera inapplicable, ouvrant la porte ouverte à une nouvelle escalade. Il faut donc sans tarder mettre un terme définitif à ce système.

 

De même, il faut revoir totalement le mode de rémunération des médecins, en revalorisant les tarifs de la Sécurité sociale, en particulier pour les actes à forte technicité, en favorisant les praticiens adoptant une approche « vertueuse » en matière d’actes de prévention, de recours aux génériques, d’inscription dans la logique du parcours de soins. Il faut offrir à l’ensemble des professionnels de santé la juste rémunération à laquelle ils peuvent légitimement prétendre. La survie de notre système de santé passe aussi par l’attractivité des professions médicales.

Mais au-delà des dépassements d’honoraires, c’est toute la question de la protection sociale qui est posée. Rappelons que moins de la moitié des dépenses de santé est aujourd’hui prise en charge par l’Assurance maladie obligatoire. Ce sont ainsi des millions de nos concitoyens qui, chaque jour, renoncent à des soins faute de ne pouvoir les supporter financièrement. Avec les conséquences que l’on sait sur les comptes publics puisque, c’est bien connu, des soins retardés conduisent le plus souvent à des dégradations majeures de l’état de santé des personnes et donc à une facture beaucoup plus salée au final.

Les progressistes ont pris connaissance avec intérêt des propos tenus par le Président de la République devant le congrès de la Mutualité le 20 octobre.

Réaffirmer le droit à la santé et à la protection sociale pour tous est un signe fort.

Aborder la question sous l’angle d’une meilleure utilisation des aides publiques est un grand pas en avant : en effet, actuellement, ce sont les salariés des entreprises proposant une couverture de groupe (les sommes consacrées à cet usage conduisant à d’importants abattements fiscaux) qui bénéficient le plus des dispositifs publics d’aide.

En tant que progressistes, nous nous félicitons des intentions affichées (plus audacieuses que celles de la Ministre de la Santé !). Elles contribueront, si elles sont traduites dans les faits, à réduire la « fracture sanitaire et sociale » qui ne cesse de se creuser dans notre pays.

Il faut réaffirmer, sans frilosité, les principes qui ont contribué à instaurer le système de protection sociale qui a fait, depuis 1945, de notre pays un exemple (contribuer selon ses moyens, recevoir selon ses besoins).

C’est ce que les parlementaires et les élus du MUP s’efforceront de défendre tout au long du débat sur le PLFSS 2013.

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