20.000. C’est le nombre de demandeurs en moins enregistré en octobre par rapport au mois précédent. Qui s’en plaindrait ?
Certes, il s’agit surtout, et pour le troisième mois consécutif, des premiers effets des dispositifs volontaristes d’aide mis en place par le gouvernement. On pense notamment aux emplois d’avenirs. Pourtant, chacune des 20 000 personnes concernées a ainsi pu voir le ciel s’éclaircir un peu, ses perspectives de vie ou même de survie s’élargir. Le jeu en valait la chandelle ne serait-ce que pour ces 20 000 vies singulières.
Au-delà, il y a le renforcement d’une conviction : la courbe du chômage peut être inversée. Certes, on objectera que ce petit bruit d’ailes d’hirondelle ne fait pas le printemps. Que le décisif est la création d’emplois marchands dans les entreprises de toutes tailles de la sphère économique. Et que, pour cela, il faut de la confiance, des investissements concrets à mille lieux des pratiques de profitabilité financière. Et un retour durable de croissance. C’est juste. Et sans doute faut-il mettre plus d’ambitions dans le choix des outils, la dimension des leviers.
D’autant que les consciences restent marquées par l’avalanche des plans sociaux qui continuent à débouler. Mais l’analyse conduit-elle à faire la fine bouche ? D’autant que dans la dialectique politico-économique, chacun des 20 000 emplois en question contribue aussi à la construction d’un nouvel élan vers la croissance. Et réciproquement.
Bizarrement, avant que l’annonce des chiffres du chômage ne soit publiée à 18 heures, jeudi, c’est à un étrange concert que l’on a assisté. En particulier sur les chaînes de télé d’information en continu. S’y sont succédés des prétendus économistes, d’anciens ministres de Sarkozy/Fillon, des auto-proclamés imprécateurs d’un anti gauche dogmatiquement avoué ou radicalement masqué par un surenchérissement permanent faisant fi des possibles. Leur leitmotiv ? Haro sur le gouvernement « qui a échoué ». Et de s’en réjouir sans pudeur. Sans autre forme de procès. L’on aura même assisté à des commentaires sur les commentaires…
Tout cela en forme d’aveu bien involontaire : le politicien, la survie de telle ou telle chapelle ou posture politique, la justification a priori. Quitte à tordre un peu trop vite la réalité dans un empressement à condamner qui en dit long sur les objectifs. Quitte à instrumentaliser les conditions de vie des demandeurs d’emploi eux-mêmes. Quitte à dévoiler les connivences sur le peu d’intérêt accordé à l’humain quotidien. Quitte à détricoter l’espérance. Cette espérance qui, selon la formule de Nelson Mandela, consiste « à garder la tête tournée vers le soleil en mettant un pied devant l’autre ».