Par Laurent Dumond, membre de l’exécutif du Mouvement Unitaire Progressiste
Les Progressistes veulent être des militants de l’Europe pour la simple et bonne raison qu’ils sont attachés aux relations entre les différents peuples de notre continent et qu’ils acceptent la légitimité de ceux qui sont en charge de les représenter.
L’histoire de notre continent devrait conduire à n’avoir aucune réticence à la construction de règles communes, de rapports les plus larges et ouverts possibles sur son territoire même si chacun le sait, ce sont les questions économiques qui, dès l’origine, ont prévalu à la construction européenne. Cette réalité demeure.
Aujourd’hui, les rapports institutionnels européens sont soumis aux logiques de domination, l’économique y supplante l’humain, la concurrence et la compétitivité y sont érigées en dogmes au détriment des coopérations mutuellement avantageuses.
Ne faisons donc pas comme si, le traité constitutionnel n’existait pas ou plus avec le TSCG et comme si cette réalité disparaitrait avec lui.
C’est en ce sens que les Progressistes refusent le choix des tenants du processus référendaire autour d’un OUI ou NON, source d’expressions de tous les populismes et aboutissant au final au statut quo. Comme ils refusent le choix d’une ratification basée sur une renégociation portant sur la croissance mais ne répondant à aucun moment aux préoccupations démocratiques et sociales « grandes perdantes » du développement européen.
Pour les Progressistes, la réorientation de l’Europe mérite de sortir du traité « merkozy » d’hier et de nos rapports d’aujourd’hui avec l’Allemagne, mérite autre chose que de permettre aux eurosceptiques d’exister et mérite aussi autre chose que d’oublier bien vite ce qui a été formulé démocratiquement par les français dès 2005.
En ce sens, il serait trop simple de prétendre qu’avec le TSCG nous serions sur autre chose ou que celui-ci permettrait d’engager une étape plus positive par la suite.
Les européens n’ont pas le loisir d’attendre l’avènement d’une vertueuse poussée politique à l’échelle de l’ensemble des pays du vieux continent pour vivre et accepter des décisions communautaires sur lesquelles ils n’ont pas prise. Ils vivent au quotidien cette Europe.
L’heure n’est donc pas seulement à s’appuyer et à s’arque bouter sur les dangers et tares que recèle l’Europe d’aujourd’hui mais aussi sur la volonté d’aller à la construction d’une « autre chose ». L’heure est à rechercher à rassembler et agir pour une Europe plus juste, démocratique plutôt que de rechercher à diviser la gauche française au nom d’une Europe qui ne serait pas la leur, la notre.
Alors que certaines raisons ayant contribué au Non au traité constitutionnel de 2005 s’amplifient de part la dureté de la crise et de ses effets sur les peuples en exacerbant parfois les replis sur soi, il est temps de prendre les initiatives promotionnant l’idée d’une renégociation large.
Se donner les moyens d’une renégociation véritable plutôt que de simplement refuser, continuer à négocier plutôt que de prétendre avoir imposé un ajout « croissance » aux vertus bien exagérées
Cette Europe injuste est aussi la notre, elle existe mais le besoin d’Europe vaut mieux que l’isolement.
L’Europe est et sera un outil incontournable, un passage obligé et cela qu’elle quelle soit. En conséquence elle nécessite autre chose que le prétexte à un affrontement de politique intérieure visant à entretenir l’idée de deux gauches inconciliables rejetée par ailleurs par les électeurs.
Rappelons simplement qu’en 2005, une majorité d’électeurs de gauche ont voté non. Parmi elle une majorité d’électeurs socialistes qui ont autant intérêt que les autres à la mise en place d’une politique de gauche dans notre pays et intérêt à une réorientation des politiques européennes. Cette réalité devrait relativiser les ardeurs des tenants d’un « non de gauche » prétendant en être les seuls propriétaires mais aussi rappeler au Président de la République que les raisons de ce voterestent entières.
Les termes d’un traité digne de ce nom sont discutés et adoptés par l’ensemble des parties, la dite renégociation portant sur la croissance ; non inscrite dans le traité ; aussi importante soit elle ; relativise malheureusement sa portée réelle et son appropriation collective mais ré hausse le besoin d’une renégociation démocratiquement portée.
Apposer la voix de la France par un vote au Congrès sur une renégociation à minimum suggérée par le calendrier politique français et l’arrivée du Président sur la scène européenne ne peut que renforcer les eurosceptiques. C’est être contre productif, sur le fond comme sur la durée, sur le débat européen comme en matière de politique intérieure.
Nous regrettons une méthode qui ne permet pas totalement d’exprimer notre combat pour uneEurope qui se devra nécessairement devenir plus juste, plus humaine, plus démocratique.