Par Michel FIZE, Délégué du MUP Paris, Délégué national du MUP à la Sûreté, à la Justice et aux Libertés
Après la Mairie de Paris, le gouvernement vient de donner son feu vert pour expérimenter une salle de shoot à Paris – qui sera la première en France, mais pas en Europe [Il existe des salles de ce type dans une cinquantaine de villes de huit pays, dont l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Espagne, la Norvège et la Suisse]. Le maire du Xème arrondissement s’est porté volontaire pour accueillir cette salle, qui devrait être implantée, sur une scène connue de consommation, dans le quartier de la Gare du Nord, probablement dans un local mis à disposition par la SNCF, à moins qu’elle ne s’installe dans un lieu dépendant de l’Hôpital Fernand-Widal ou de Lariboisière, tous deux proches de cette même gare.
Gérée par l’association Gaïa, la salle de shoot parisienne pourrait accueillir, d’ici à l’été 2013, 200 usagers, dans des conditions de sécurité maximale, sept jours sur sept, de 13 heures à 21 heures, à raison de huit personnes à la fois.
Les opposants à cette mesure crient au scandale, à l’immoralité publique, à l’Etat délinquant, pourvoyeur… De quoi s’agit-il en réalité avec les salles de shoot ? De sécuriser des pratiques sauvages de consommation de drogues dures. De protéger mieux des consommateurs souvent désemparés. Il faut rappeler que les salles de shoot s’adressent en priorité à des publics très précarisés, qui vivent dans la rue et « se shootent » dans des parkings, des caves, des squats, c’est-à-dire dans des conditions à la fois dangereuses pour eux-mêmes et pour autrui (seringues usagées abandonnées à terre par exemple).
La salle de shoot offre à ces usagers un espace sécurisé de consommation, mais aussi, et plus encore, un accueil par des professionnels de santé, qui les orienteront vers des espaces de soins et leur proposeront le sevrage. Nous sommes bien loin de l’idée défendue par les adversaires de la mesure d’un encouragement à la toxicomanie ! En atteste une étude réalisée à Vancouver qui montre qu’après ouverture d’une salle de shoot dans la ville, l’on a enregistré chez les toxicomanes une hausse de 30 % des demandes de sevrage. S’agissant de la France, un rapport de l’INSERM de 2010 indique que les salles de shoot ont pour effet de réduire considérablement les risques de contamination du VIH et de l’hépatite C, les abcès (qui surviennent après des injections mal faites), les septicémies, les overdoses mortelles (qui ont diminué de 35 % à Vancouver).
Enfin, en termes de sécurité publique, contrairement à une croyance répandue, une salle de shoot n’entraîne pas un développement des nuisances et de l’insécurité autour du lieu d’implantation.
Pour toutes ces raisons, le Mouvement Unitaire Progressiste (MUP) apporte, sans réserve, son soutien au projet d’ouverture d’une salle de shoot à Paris.