Par Xavier Bertelle, Délégué régional du MUP Lorraine.
Depuis plusieurs semaines, il m’arrive souvent d’être interpellé par mes amis et mon entourage sur le droit de vote des immigrés aux élections municipales.
Encore ce matin, le FN distribuait sur mon marché local un tract bien vitriolé sur ce sujet qui sera certainement leur nouveau cheval de bataille pour les prochaines échéances municipales.
J’ai considéré en son temps, comme une grande victoire pour la démocratie, l’instauration du droit de vote des résidents de l’Union Européenne aux élections municipales.
En effet, depuis 2001, les résidents communautaires de l’Union Européenne peuvent participer aux élections municipales, sans toutefois être éligibles aux fonctions de maire ou d’adjoint (donc juste des portes paroles).
Il nous faut donc rapidement accorder ces mêmes droits aux autres ressortissants qui, eux aussi, par leurs impôts communaux, participent à la vie de leur commune et à la richesse de celle-ci sans pour autant n’avoir aucune représentativité au cœur de celle-ci.
Il n’y aurait plus aujourd’hui que 39 % de Français favorables au droit de vote, aux élections locales, des étrangers hors Union Européenne résidant en France depuis plus de 5 ans (selon un sondage Igop pour le site Atlantico). Le chiffre était de 55 % en décembre 2011 !
C’est donc peu dire que la question (une promesse de campagne de François Hollande) fait débat et qu’en fonction de l’actualité, malheureusement chargée depuis quelques temps par quelques intégristes islamistes salafistes, les opinions varient.
S’il y a des réticences en France, Elles ne concernent donc plus que les étrangers hors union Européennes.
Durant les campagnes présidentielles et législatives, on entendit le Front National, relayé par quelques élus de l’UMP, dénoncer l’instauration de cantines Halal où d’horaires de piscine réservés aux femmes, puisque c’est l’accès au droit de vote d’étrangers de confession musulmane qui, en filigrane, cristallise bien les réticences ou les fantasmes, sincères ou surjoués .
Leurs critiques, sans mauvais jeu de mots, redoutant un vote « communautariste ».
Il y a peu, on entendit Jean-François Copé, alors en voie de conquérir le siège de président de l’UMP, reprendre ce discours en surfant sur la peur de l’étranger musulman avec son histoire à dormir debout du « pain au chocolat ».
De son côté, le Centre droit, par l’intermédiaire de son nouvel homme fort Jean-Louis Borloo, presse le gouvernement de renoncer à tenter de faire adopter le droit de vote pour les étrangers hors Communauté européenne,
« Le gouvernement précédent a fait le débat sur l’identité nationale, c’était une énorme erreur qui a laissé d’énormes blessures. Je dis au gouvernement actuel, très franchement, cette histoire de vote, oubliez ce débat, il va amener beaucoup plus de blessures que de solutions ». A-t-il prononcé il y a quelques mois sur France 2.
Comment se pose cette question chez nos voisins Européens !
La question ne se pose plus en Belgique depuis les élections locales de 2006.
Pourtant, à l’occasion des élections locales d’octobre 2012 (l’équivalent de nos élections municipales), ce ne fut vraiment pas la ruée vers les bureaux de vote.
Selon les chiffres du gouvernement fédéral Belge, sur un total de 7.966.698 électeurs, on ne relevait que 120.826 étrangers ressortissants de la communauté européenne et 20.571 étrangers non européens. Soit, pour les premiers, 18,5 % de la population potentiellement concernée, et pour les seconds, 14 %. Des pourcentages inférieurs à ceux de 2006.
En Belgique, où ce droit ne fait plus débat, on constate qu’il n’a pas vraiment bouleversé le paysage politique local, pas plus qu’il n’a mis un terme aux difficultés en matière d’intégration.
Alors cette question vaut-elle vraiment ce débat ? Je réponds OUI et sans aucune ambiguïté puisque cette loi ne concerne en aucun cas les élections nationales et ne peut donc remettre en cause notre constitution.
Et comment peut-on parler d’intégration à des étrangers hors Union européenne qui payent depuis plusieurs années des impôts communaux sans pour autant être représentés dans les conseils municipaux ?