Chers amis,
Vous dire le plaisir d’être avec vous, dans cette salle symbolique de la Mutualité. Ce qui nous rassemble aujourd’hui, nous dépasse. Il s’agit des valeurs. Celles de la République. Des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité. Des valeurs qui cimentent notre vivre ensemble. Celles qui font que la France, parfois très loin de nos frontières, est regardée, voire admirée.
Ces valeurs, celles de la République, auxquelles nous sommes ici tous attachés, sont remises en cause, mutilées, bafouées, par une montée du racisme, de la xénophobie, de l’antisémitisme et des haines en tous genres.
On ne se rend pas compte à quel point notre République, notre démocratie, les valeurs qui les fondent et qui nous permettent de vivre en paix, sont fragiles. Pourtant, ses valeurs ne sont pas intangibles et, chaque jour, elles sont abimées. Chaque jour, certains essaient de les faire reculer, de les mutiler.
Nous devons le dire de manière claire et nette, avec la plus grande force et détermination : nous ne céderons pas, nous ne céderons jamais un millimètre de terrain à ceux qui combattent les valeurs républicaines. Nous ne fléchirons jamais devant ceux qui remettent en cause notre communauté nationale. Ceux qui remettent en cause les liens fondateurs de la République. Des liens que nos prédécesseurs ont défendus pied à pied. Ceux de la Révolution française, ceux de la Commune de Paris, ceux des ripostes à l’antifascisme en février 34 ou dans les combats de la Résistance.
Ces dernières semaines, c’est d’abord un symbole qui a été visé. Ce symbole, c’est notre Garde des Sceaux, notre amie à tous, Christiane Taubira. Oui, un symbole de notre République ! Femme exceptionnelle, noire de peau, femme de courage et de conviction qui a porté haut et fort des combats emblématiques pour l’émancipation humaine :
– le mariage pour tous bien sûr, choisi majoritairement par notre peuple dans le projet de François Hollande et voté majoritairement par le Parlement.
– Mais aussi la reconnaissance des traites et des esclavages comme crime contre l’humanité.
Christiane concentre sur elle, de par son engagement, de par ce qu’elle est, toutes les haines : celle des homophobes, des racistes des sexistes, de tous ceux qui à la première occasion peuvent se révéler comme la pire graine néo-fascisante.
C’est parce que Christiane Taubira représente cette lutte acharnée et universelle pour la grandeur de l’être humain, sans distinction, qu’elle est l’objet d’autant de violences inacceptables.
Et que pour nous, ce soir, elle est au cœur de ce rassemblement de lutte et d’unité contre les extrêmes. Rassemblement de lutte et de solidarité. Elle est notre soeur, comme le fut en d’autres temps la magnifique, et ô combien symbolique, Angela Davis, sa soeur.
L’humanité justement. Quand un acte raciste est commis ou un propos raciste proféré, ce n’est pas seulement la victime de ce délit qui est concernée. C’est la diversité de notre humanité toute entière qui est attaquée. C’est l’humanité de chaque personne qui est remise en cause : dans son histoire, dans sa chair, dans sa conscience.
Je veux le dire sans détour : le monde politique doit être pleinement conscient de sa responsabilité. En légitimant parfois les réflexes primaires de la bêtise, en banalisant ou en étouffant la parole raciste, les politiques ont pu parfois favoriser ce climat nauséabond et dangereux.
C’est aussi cela qui jette parfois le déshonneur sur la classe politique.
Il y a également une urgence démocratique à préserver notre République et ses Institutions.
Le climat raciste et xénophobe ambiant se mêle à un mouvement de remise en cause à peine dissimulé de notre démocratie, de l’ordre républicain et laïc.
Que l’on soit d’accord, ou pas, avec les orientations, les choix de ceux qui exercent la responsabilité du pouvoir. Il exerce ce mandat au nom du suffrage universel. Mais il ne peut y avoir la moindre tolérance avec ceux qui, jusque par la violence, contestent le verdict démocratique.
Au fond, cette négation du suffrage universel et les violences qui l’accompagnent sont le lot commun d’une démarche qui peut vite, très vite, ouvrir la voie dangereuse à la contestation du verdict des urnes et de la loi de la République.
L’Histoire de notre pays, comme celle d’autres pays, nous enseigne que nous savons comment ces excès commencent mais aussi malheureusement comment ils peuvent se terminer.
Bien sûr la crise qui frappe durement notre pays engendre un climat de tension, bien sûr les impatiences sont grandes. Mais rien ne peut justifier les propos les plus abjects et les tentatives de déstabilisation et de violences.
Oui, avec le Mouvement Progressiste (MUP), je veux dire que par-dessus tout notre peuple doit être uni, et les forces progressistes doivent être debout pour défendre nos valeurs, défendre la République.
Je veux simplement terminer par un hymne à l’unité. Unité pour les valeurs de la République.
Et comme criaient les patriotes chiliens dans les sombres moments en 1973 : un peuple uni, jamais ne sera vaincu !
Robert Hue et Christiane Taubira
Caroline Fourest et Robert Hue
Manuel Valls et Vincent Peillon
La Gauche réunie pour défendre la République contre les extrémismes !
