En qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, la France a toujours pris ses responsabilités dans les crises internationales. On peut s’interroger sur l’ampleur de son influence dans le monde actuel mais, du fait de son histoire et de son implantation sur quatre continents, notre pays est un médiateur écouté. C’est ainsi que le sommet au « format Normandie » a permis la reprise du dialogue et la conclusion des accords de Minsk II. Oui la France est attendue. Le président Traoré lui a fait appel pour repousser les groupes terroristes au Mali.
La France, forte de ces attentes, a un rôle à jouer. Mais avec quelle autonomie ? Pour quelle ambition ?
Dans un monde multipolaire, nous devons nous inclure dans un cadre légal. La France s’est toujours adossée à une décision du conseil de sécurité de l’ONU. C’est tout à l’honneur du président Chirac d’avoir refusé de s’engager en Irak en 2003.
On peut douter, en revanche, de la justesse de notre intervention en Libye.
La France ne sort jamais grandie quand elle se soumet aux pressions. Aussi, de l’annulation de la vente des Mistral à la Russie.
Attention à ne pas surestimer la capacité diplomatique des Américains : par leur guerre de 2003 et leur soutien au Gouvernement Al-Maliki, ils ont contribué à l’émergence de Daech en Irak. Contrairement à l’espoir du président Obama, ils ne parviennent pas à solder la question israélo-palestinienne. Je suis heureux que le Gouvernement français dénonce l’opacité des négociations du traité transatlantique.
Notre autonomie doit aussi nous conduire à ne pas dédaigner les politiques bilatérales avec la Russie. Faisons abstraction du nationalisme assumé de Vladimir Poutine : ce n’est que la réaction naturelle à une avancée de l’Otan vers son pays, contraire aux engagements pris après la chute du mur de Berlin. En effet, le secrétaire d’État américain James Baker avait alors promis à M. Gorbatchev que l’Otan n’avancerait pas vers l’Est.
L’accord de Vienne concernant l’Iran est un progrès incontestable, même si son application devra être surveillée. Le repositionnement de l’Iran sur la scène internationale devrait aussi favoriser un règlement du dossier syrien.
Si nos interventions militaires peuvent ralentir les crises, elles ne peuvent pas installer durablement la paix sans l’implication des plus concernés. En attendant, reconnaissons que nos destins sont liés à ceux de ces populations, ne serait-ce que si l’on songe à la crise des réfugiés en Europe.
Il convient de donner à notre politique étrangère, pour qu’elle soit porteuse d’un message clair, une dimension indépendante, équilibrée et cohérente avec notre histoire. (Applaudissements)