Par Marc Lelong, Délégué régional du MUP en Picardie.
Il y a dix ans, le transfert de compétence des trains régionaux de l’Etat vers les régions a eu indéniablement des effets positifs : l’augmentation de l’offre de trains express régionaux (TER), l’achat de matériels neufs (produits en France par les sociétés Alstom et Bombardier) ont complètement changé l’image du train de tous les jours ; incités également par des tarifications attrayantes, les usagers sont devenus de plus en plus nombreux et d’origines sociales de plus en plus diverses. Précision utile : la Région Ile de France connaît une situation tout-à-fait particulière au regard des autres régions et ne sera donc pas traitée dans ces quelques lignes, même si des similitudes sont évidentes.
Cet élan vertueux a malheureusement été brisé du fait de deux facteurs : en tout premier, l’absence impardonnable de vision à moyen et long terme de l’Etat qui a laissé se dégrader le réseau ferré national classique mais qui a aussi été incapable de tirer les leçons de la séparation fratricide entre le gestionnaire du réseau (RFF) et l’exploitant (SNCF) ; ensuite, fin 2010, la réforme de la fiscalité locale qui a ôté aux régions toute autonomie fiscale alors que la crise économique continue ses ravages : privées de recettes fiscales dynamiques, les régions deviennent incapables de répondre aux besoins générés par un trafic d’usagers TER en croissance exponentielle ; pire elles sont aujourd’hui en difficulté pour confirmer les achats prévus de trains plus capacitaires ce qui aura pour conséquence, si cela doit rester en l’état, de mettre en difficulté les unités de production de matériel ferroviaire sur le territoire national avec l’impact catastrophique sur l’emploi mais aussi sur le travail en cours en recherche-développement et transfert de technologies dans le domaine ferroviaire.
Le retard accumulé sur le réseau ferré national impose maintenant des travaux d’une telle ampleur que des années d’efforts seront nécessaires avec les gênes inévitables occasionnées sur le fonctionnement et la circulation des trains de voyageurs.
Cependant, il faut se féliciter de la dynamique enclenchée pour remettre à niveau le réseau ferré classique et pour aménager les gares dans le but d’en faire des pôles de développement bien au-delà de la simple approche « Transports ».
De même, la décision prise par le gouvernement de constituer un Gestionnaire d’Infrastructures Unifié (GIU) pour en finir avec la dichotomie mortifère RFF-SNCF est à saluer positivement. Plus globalement, demeure posée la grande question de la réforme de l’ensemble du système ferroviaire aujourd’hui à bout de course, alors que l’idée de mise en concurrence à tout-va compte de nombreux soutiens à Bruxelles et ailleurs…
Dans le même temps, le nouvel acte de décentralisation qui est annoncé en 2013 et qui doit impérativement être accompagné d’une réforme de la fiscalité locale constitue une occasion unique de clarifier le rôle des régions en matière de transports et de donner à celles-ci les moyens de relancer les TER et d’offrir une alternative séduisante, dans le cadre de l’inter- modalité, aux déplacements en voiture personnelle.
L’heure est en effet aux changements et aux expérimentations !
En Picardie, la Région s’est portée volontaire pour expérimenter avec la SNCF un nouveau modèle d’organisation des transports en train en fusionnant les TER et les Intercités, à savoir les « trains de quotidien » qu’utilisent des dizaines de milliers d’usagers picards.
Le MUP soutient cette démarche et la suivra avec attention.