Devant la menace RN, créditée d’entre 28 et 30 % des intentions de vote aux élections européennes, l’argumentaire auprès des électeurs peut être certes de rappeler les collusions RN-Poutine, RN-PAC, RN-Mercosur ou les détournements d’argent public, en guise de stratégie à court terme face à l’échéance.
Mais sans perdre de vue que la courbe de l’extrême droite épouse fidèlement celle du chômage de masse depuis 40 ans en France (comme dans l’Allemagne des année 30) et qu’un traitement radical-racinaire de l’extrême droite implique l’éradication de ce chômage, dont se régalent les employeurs pour son potentiel de moins-disant salarial et social.
La lutte racinaire contre l’extrême droite implique donc :
1) un engagement volontariste pour une relative protection de notre économie,
2) sa ré-industrialisation (notamment dans les secteurs d’avenir comme la transition écologique)
et 3) un partage du temps de travail ciblé sur les entreprises opérant des gains de productivité (via par exemple une sur-fiscalisation conditionnelle des dividendes).
Trois leviers dont les deux premiers obligent à un assouplissement des règles néolibérales de l’UE, afin de mettre en place un protectionnisme modéré et intelligemment ciblé (comme ne se privent pas de le faire les États-Unis, la Chine, l’Inde ou la Russie, au détriment de nos emplois), un appui de l’État en faveur des secteurs potentiels de ré-industrialisation, et accessoirement une ré-appropriation par les États de l’énergie et des transports (libéralisés avant la prise de conscience du réchauffement climatique) à fin de planification.
Ce syllogisme [Extrême droite vs mesures volontaristes pour l’emploi] devrait dans l’idéal transparaître en clair dans un programme européen – ainsi que dans un programme pour la présidentielle de 2027.
Ceci afin que l’électorat des classes populaires – ouvriers, employés, chômeurs –, aujourd’hui captif des sirènes d’extrême droite, retrouve le chemin d’un programme de progrès social et d’emploi (le second permettant seul le premier).
Ce devrait être aujourd’hui la priorité centrale et cruciale, face à laquelle le reste des sujets devient relativement secondaire.