ESSAINUC

Essais nucléaires français : Une incidence sanitaire toujours d’actualité !

Après la destruction des villes d’ Hiroshima et de Nagasaki, une course folle à l’armement fut engagée pour répondre aux impératifs militaires de suprématie de chacun des deux blocs de l’époque, mais aussi persuader les populations du bien fondé d’une politique de dissuasion.

En dépit du choix de zones peu peuplées ou désertiques, les problèmes posés par la dispersion des retombées atmosphériques ont conduit les militaires à rendre souterrains les essais.

Pour la France, la décision de rejoindre le club des « grandes puissances » a été décidé en février 1956. Ce sont 50 essais atmosphériques et 160 essais souterrains qui constituent notre palmarès dans le désert du Sahara, puis après la proclamation de l’indépendance de l’Algérie, sur les atolls de Mururoa et Fangataufa dans l’archipel des Tuamotou (Polynésie).

C’est seulement en 1996 que Jacques Chirac mettait un terme à nos essais nucléaires tandis que la prolifération de ce type d’armement se poursuivait.

Les « éventuelles incidences au Sahara », selon le rapport parlementaire de Christian Bataille (février 2001) ,concerneraient principalement la région de Reggane dans le Tanezrouf (2000 habitants dans un rayon de 100 km autour du champ de tir et aussi 10000 personnes, civils et militaires,  affectés aux essais). Si on ne doute pas du blocage à l’époque de l’accès aux zones contaminées par les tirs (pistes chamelières), nous ne disposons pas en revanche de mesures de recherche d’une éventuelle contamination interne pour les nomades en transit dans la région, ni sur les populations sédentaires à distance. Pourtant, le bilan sanguin et la dosimétrie de l’exposition peuvent encore être mis en œuvre, permettant de reconstituer les doses reçues grâce aux progrès de la radio-biologie concernant les mutations des chromosomes. Les contrôles de contamination interne par spectrométrie gamma après les tirs aériens « Gerboise » seraient négatifs pour les 195 personnes évaluées (125 civils et 70 nomades). Il convient aussi d’insister sur les quatre essais souterrains, mal confinés dans leurs galeries  respectives, qui ont produit un nuage radioactif contaminant jusqu’à 150 km vers l’Est.

Conformément aux accords d’Evian, les sites des essais ont été remis aux autorités algériennes en 1967, après démantèlement des installations, nettoyage et obturation des galeries. « l’évaluation de la situation radiologique de ces lieux et des expositions potentielles qu’ils pourraient induire a été engagée par l’AIEA »…

Il serait aujourd’hui souhaitable que des études épidémiologiques soient conduites afin d’établir les effets sur la santé attribuables aux doses de rayonnement encore reçues de nos jours, ou à l’avenir en raison de la pollution des sites. L’incidence du cancer doit en particulier être clairement établi, sans l’aval de la « grande muette ».

Notre pays soutient le traité d’interdiction des essais nucléaires (TICE), désormais ratifié par 163 nations. Le Mouvement des Progressistes considère qu’il est donc grand temps de réparer cette page sombre de notre histoire coloniale par  une solidarité active dans le domaine de la santé avec le peuple algérien.

Jean Couthures, délégué national du MdP à l’écologie

Partager l'article
sur les réseaux sociaux

Facebook
Twitter
WhatsApp
Telegram
LinkedIn

Commentaires

Plus
d'actualités