Par Jean-Paul Maurice, délégué national du MUP à l’Education.
Le Ministre de l’Education nationale vient d’officialiser l’enseignement de la « morale laïque » à tous les niveaux d’enseignement dès la rentrée 2015. Il conforte ainsi l’idée que l’apprentissage du vivre ensemble est une des missions fondamentales du système éducatif qui en fait le creuset du pacte républicain. L’objectif majeur de la refondation de l’école s’inscrit dans la vision d’une société humaniste plus juste, où les mots comme démocratie, égalité, respect de l’autre retrouvent tout leur sens, où les valeurs de la République et leur transmission sont au cœur de la mission sociale de l’école… C’est pourquoi l’annonce de Vincent Peillon ne peut que trouver, dans son principe et dans son intention générale, l’approbation et le soutien du MUP.
La prudence de l’approche choisie montre combien le sujet peut ouvrir la porte à de nouvelles instrumentalisations par une droite si prompte à détourner tous les débats de société pour promouvoir les discours de clivage et d’exclusion (la sinistre actualité du « mariage pour tous » le démontre avec force…). Luc Chatel n’a-t-il pas déjà lourdement évoqué à ce sujet une résurgence de « l’esprit pétainiste » instillant l’idée que l’objectif serait d’instaurer dans les écoles une pensée officielle et caricaturant le projet par l’évocation du souvenir de l’apprentissage de maximes pratiqué jusque dans les années 1960… La morale laïque n’est pas la religion républicaine, elle n’a pas pour vocation le formatage des esprits mais vise à la construction par chaque enfant d’un certain nombre de repères indispensables à sa future vie de citoyen responsable
Vincent Peillon confie fort judicieusement la question des modalités de mise en œuvre (forme, contenu, durée…) au Conseil National des Programmes chargé de la réécriture des programmes à tous les niveaux d’enseignement. Gageons que celui-ci aura pour souci de ne pas ajouter une « discipline » de plus à l’invraisemblable empilage que sont les contenus d’enseignement prévus par les textes officiels aujourd’hui. Gageons que celui-ci saura reconnaître l’intérêt de ce qui se pratique déjà dans certaines classes dès l’école maternelle sous la forme « d’ateliers de philosophie », de « débats réglés »…
Apprendre à vivre ensemble, à construire une règle commune, savoir confronter ses idées à celles de l’autre, le comprendre, argumenter, convaincre plutôt que contraindre sont autant de fondamentaux qui se forgent aussi, à tous les niveaux d’enseignement, à partir d’un vécu et de pratiques de démocratie au quotidien. Sa mise à l’honneur aujourd’hui devra donc logiquement amener des évolutions profondes dans le fonctionnement démocratique des établissements, ce qui s’inscrit parfaitement dans le projet de transformation porté par notre Mouvement progressiste.
