Une conférence humanitaire sur le Yémen a lieu ce mercredi 27 juin à Paris à huis clos, au niveau des experts. Cette conférence co-organisée par l’Arabie saoudite a été critiquée dès le départ. Des ONG reprochent à la France de faire le jeu des Saoudiens qui sont partie prenante au conflit. Annoncée lors de la visite en grande pompe du prince héritier d’Arabie saoudite à Paris, en avril, cette conférence se retrouve réduite à une réunion d’experts, à huis clos. La France explique qu’elle doit tenir compte des récents développements sur le terrain, autrement dit l’offensive sur Hodeïda, qui a démarré le 13 juin, en impliquant d’autres puissances que la coalition arabe que dirige Riyad. A Sanaa, on n’hésite plus à accuser la France de s’être rangée, avec les Britanniques et les Américains, du côté de la coalition arabe. Celle-là même qui mène une offensive contre les rebelles houthis, avec des conséquences désastreuses sur la population civile.
Un député dépendant de « La République en Marche », Sébastien Nadot, critique les contours de cette conférence : « Je suis consterné, c’est une non-conférence humanitaire. La question première, c’est la situation catastrophique humanitaire que vivent les populations civiles yéménites et il n’y aura personne pour les représenter. » Surtout, il pointe le soutien de la France à l’Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et aux autres pays de la coalition en guerre au Yémen : « La crédibilité est entachée de toutes les zones d’ombre sur le rôle de la France depuis le début du conflit au Yémen, à travers des ventes d’armes, à travers de l’assistance aux Emirats arabes unis ou à l’Arabie saoudite. On est dans une position où l’on semble prendre partie dans ce conflit, tout en n’indiquant pas clairement qu’on le fait. Et par ailleurs, il y a une situation qui est assez complexe sur le terrain. Du point de vue des gens sur le terrain, on n’est pas dans une sitaution de neutralité. Donc c’est compliqué d’aborder une conférence humanitaire dans ces conditions. » Le député LREM a lancé une demande de commission d’enquête parlementaire sur les ventes d’armes françaises aux belligérants de la guerre au Yémen.
Les ONG devaient être consultées avant la conférence sur le Yémen, mais elles ont refusé, ne voulant pas servir de caution. Les autorités françaises, embarrassées, ont finalement décidé d’organiser une réunion a minima…
Un article publié le 27 juin 2018 sur le site Perspectives