Député LREM de la 10e circonscription de Haute-Garonne, Sébastien Nadot monte au créneau contre la circulaire Collomb et le projet de loi asile et immigration qui se prépare. Ce proche de Robert Hue estime que le gouvernement fait fausse route à vouloir faire la chasse aux migrants.
En début de semaine, Sébastien Nadot a posté ses voeux sur internet. Il appelle clairement le gouvernement à changer son approche dans le futur projet de loi. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb propose de réduire les délais de demande d’asile, d’évaluer la situation des migrants en envoyant des agents les interroger directement dans les centres d’hébergement d’urgence. Le ministre de l’Intérieur comme le Premier ministre affirment qu’il s’agit d’offrir une « meilleure prise en charge des demandeurs d’asile… Mieux accueillir et mieux renvoyer ».
Le député LREM haut-garonnais n’est pas convaincu. Sébastien Nadot est aussi membre du Mouvement des progressistes, courant proche de l’ancien communiste de Robert Hue. Il appartient donc à l’aile gauche de la majorité.
« Il y a un traitement européen qui est absolument indispensable. Ca fait 30 ans qu’on est dans la même politique pour traiter l’immigration. Il faut regarder l’avenir : on va avoir à gérer des migrants, il y aura des réfugiés climatiques en nombre, on ne va pas pouvoir stopper cela. C’est pas une circulaire comme celle-là qui règlera le problème » — Sébastien Nadot
« Il faut réfléchir à la manière d’accueillir mieux. Et il y a quelque chose que l’on peut faire tout de suite : abandonner la circulaire Cresson de 1991 qui empêche les demandeurs d’asile en attente d’un titre de séjour de travailler. Elle est datée, on est dans une autre situation économique. Dans ma circonscription, il y a un restaurateur prêt à ouvrir un établissement mais il n’a pas la main d’oeuvre pour le faire. Donc il faut voir les métiers en tension. Le travail c’est structurant! »
Laisser la main aux citoyens
Sébastien Nadot fait un autre constat : « Quand on aide les migrants c’est mal perçu. Certaines personnes se retrouvent au tribunal quand elles aident à passer la frontière. Or la puissance publique est en difficulté aujourd’hui pour accueillir les migrants donc pourquoi ne pas s’en remettre aux individus généreux pour leur dire : ‘vous êtes libres ou pas d’aider ou accueillir les migrants’? La circulaire Collomb peut amener des migrants à ne plus aller dans les centres d’hébergement, à retourner dans la rue. » Le député haut-garonnais souhaite donc que le « délit de solidarité » soit aboli.
Sébastien Nadot ne compte pas rentrer dans le rang si le texte n’évolue pas
Pourrait-il refuser de voter la loi asile et immigration si elle reste en l’état ? Sébastien Nadot est clair : » Cette loi n’arrivera pas en l’état, on va avoir un débat parlementaire. Moi je suis un député. Un député ça fait quoi ? Ca vote des lois et ça contrôle l’action du gouvernement. Donc quand je dis qu’une circulaire me semble être problématique, je suis dans mon rôle de contrôle de l’action du gouvernement ».
Le député LREM du Lauragais : « Quant à la question de voter des lois, je suis député, je représente le peuple, je ne suis pas là pour mener l’action que me demande le ministre ».
Une réponse
Bravo Sébastien ! bon courage pour le débat et pour défendre un accueil humain digne de ces frères qui fuient des horreurs et trouvent des barrières toujours plus hautes dressées par nos égoïsmes de pays riches.