Après le 1er tour, un sursaut, oui, mais lequel ?

laurentdumond Bien des questions bousculent les progressistes au lendemain du 1er tour des élections municipales.

Rien de plus normal quand l’abstention galopante traduit une remise en cause démocratique du politique et que « les politiques »  répondent à cela par l’absurde et donnent depuis dimanche le sentiment de ne rien entendre.

La droite crie à la victoire, le PS réinvente le sens du mot sanction en refaisant 2008 à l’envers et, de son côté, le gouvernement dit contribuer au sursaut en vantant le courage des politiques et réformes engagées et en appelant à un front républicain n’ayant plus aucun sens.

Bref, du comment faire de la cécité une posture politique face aux messages des électeurs.

Ailleurs, de Grenoble à Aubervilliers en passant par Pau, on cherche les rares bons exemples électoraux pour se rassurer égoïstement  pendant que le Front National s’institutionnalise politiquement et démocratiquement, en attendant mieux encore au moment des prochaines européennes.

Allons nous faire semblant d’avoir entendu le message envoyé dimanche en se satisfaisant de la mise en place d’un nouveau gouvernement « poudre aux yeux » plus apte à répondre aux croyances économiques et budgétaires qu’aux attentes citoyennes et populaires ? Faudra-t-il attendre l’échéance européenne de juin pour crier au cataclysme alors que le séisme est déjà face à nous ?

Il peut sembler bien prétentieux de la part du Mouvement Progressiste de poser de telles questions, mais quand tous les ressorts de ce qui a fait l’utilité et les vertus de la politique sont en train de nous sauter à la figure autant avoir cette prétention déplacée.

La persistance, depuis dimanche, des politiques et des partis à demeurer « hors sol » démontre que si nous vivons la fin d’un cycle politique, le refus de se remettre en cause demeure le plus fort.

Le régime présidentiel ou la construction européenne sont devenus, de par l’utilisation qui en est faite, des freins à l’appropriation et à l’adhésion citoyenne. Pire encore, les discours de lendemains de défaite expliquant que les politiques menées sont les seules possibles ou supposées faire notre bonheur futur sont de plus en plus inaudibles face à une réalité le démentant quotidiennement.

Ce qui s’est passé le 23 mars ne peut être interprété simplement comme une mauvaise élection intermédiaire par un Président et un gouvernement obnubilés et hypnotisés par la responsabilité d’un pacte respectant des règles partagées par de seules élites formatées.

Le niveau historique d’abstention aurait mérité à lui seul des réactions de nos dirigeants à la hauteur de l’aggravation de la relation entre nos institutions et les citoyens. Le fait qu’à grande échelle, pour la première fois et avec une telle force, nous ressentions aussi durement lors d’élections locales le « tous pourris » devrait, notamment à gauche, faire l’objet de profondes introspections.

Les négociations d’entre deux tours, les stratégies à la carte, les comptes d’apothicaires abscons devant l’abstention massive montrent que rien de tout cela ne se dessine, n’est ni même envisagé alors que tout le monde dit espérer un sursaut. C’est une fois de plus rester sourd aux attentes.

Partager l'article
sur les réseaux sociaux

Facebook
Twitter
WhatsApp
Telegram
LinkedIn

Commentaires

Plus
d'actualités