Il a dû très vite se rendre à l’évidence. Sébastien Nadot ne pourra pas obtenir les parrainages pour se présenter à la présidentielle.
Il fait froid. Il fait gris. Et nous faisons très attention à ne pas glisser sur la dalle trempée devant la bibliothèque François Mitterrand.
Mais quand on retrouve Sébastien Nadot devant la péniche El Alamein, on manque de tomber à la renverse. Le candidat MDP sait très bien que nous réalisons un reportage sur la campagne présidentielle.
« De toute façon on n’aura pas les parrainages. »
Dans la catastrophe, on ne sait pas réellement quoi penser de cette phrase. Mais Sébastien Nadot tente quand même de nous faire rester.
« Du coup on va se préparer pour les législatives. » Une forme de réalisme ou un constat d’échec assez déroutant ?
Changement de programme, pas de présidentielle en vue
Mais visiblement cela n’a pas empêché Sébastien Nadot et ses militants de se réunir pour trouver la solution de faire campagne avec les moyens du bord. Alors bon, la grande partie de la journée était consacrée à des questions administratives.
Alors on s’est surtout concentrés sur l’ambiance dans cette péniche El Alamein. Ce qu’on remarque au premier abord, c’est que la péniche opte pour une décoration exotique. A l’image de la candidature de Sébastien Nadot à la présidentielle ?
Il faut dire que le professeur de sport est un peu un ovni dans la politique nationale. Avant de rencontrer Robert Hue, il y a quelques années, il ne s’intéressait pas forcément à la politique. Encore moins s’imaginait-il devenir candidat à la présidentielle.
Mais être le fils spirituel d’un grand nom tel que Robert Hue, ça fait pousser des ailes. Comme son mentor, Sébastien Nadot a beaucoup réfléchi sur la société française. Il a même écrit un livre. Reinette 2.0 c’est l’histoire de jeunes qui se regroupent pour ré-inventer le monde.
Une révolution qui passe par un développement numérique qui embrasse les changements sociétaux. C’est, c’était, bien le thème de campagne de Sébastien Nadot. Le Mouvement des Progressistes a une forte culture du numérique et des nouvelles technologies.
Quand la technologie se met au service des moins jeunes
Oui, vu de l’extérieur, on ne dirait pas. A l’intérieur de la péniche, on voit de jeunes hommes et des jeunes femmes a l’air sympathique, mais qu’on imagine mal branché sur leur téléphone comme si leur vie en dépendait. Ils ne sont pas tous issus de la génération Y. Ce sont plutôt de jeunes quadra. Ils ont des smartphones et prennent des photos… Mais chose étrange pour un vrai millennials … ils discutent entre eux !
Mais ce qui nous étonne le plus, c’est l’utilisation des nouvelles technologies faites par Sébastien Nadot. Pour promouvoir sa campagne, le candidat du MDP a fait appel à une affiche en réalité augmentée. C’est-à-dire une affiche qui, une fois scannée grâce à une application, se révèle être bien plus qu’une affiche.
D’ailleurs on se souvient avoir vaguement vu une de ces affiches à l’extérieur de la péniche. Une belle affiche violette avec seulement inscrit dessus Toc Toc !
« Donc en principe, avec l’application Layar, en scannant cette affiche on tombe directement sur mon clip de campagne, » nous explique-t-il.
« Mais n’essayez pas tout de suite. -Ah bon, pourquoi ? Parce que je n’aime pas trop ce clip. »
Ah. Explication. Sébastien Nadot n’est pas du tout à l’aise devant les caméras. D’ailleurs, c’est vrai qu’il semble un peu en retrait. Un candidat à la présidentielle timide ? C’est une première. Il faut dire que quand Robert Hue arrive, il capte toute l’attention.
Sébastien Nadot, plus à l’aise dans l’ombre
Ce sénateur de 71 ans a la bonhomie limite cliché de la gauche bonne enfant. Face à lui, Sébastien Nadot semble être un assistant. Même attitude sur scène. Alors que le speaker l’introduit, il prend le micro est fait un court discours sur l’importance de cette réunion.
Puis il s’asseoit et laisse place à Robert Hue. Assis sur sa chaise, face à la scène, il a les jambes et bras croisés devant le torse. Un expert en communication corporelle aurait dit qu’il se protège d’une agression extérieure. Nous dirons simplement qu’il n’est vraiment pas à l’aise sous le feu des projecteurs.
De toute façon, les médias ne lui ont pas vraiment laissé de place sous les projecteurs. Sébastien Nadot ne leur en veut pas. Il n’en parle pas. Ce qui compte, c’est de réussir à faire élire le MDP à l’Assemblée nationale.
Toute la journée est ensuite consacrée à des échanges d’expérience entre les différents militants, pour certains déjà élus. L’important c’est la communication. C’est ce qu’on a retenu de la première partie de la réunion.
La deuxième est donc naturellement consacrée à quelques conseils d’un expert en communication. Avec un joli PowerPoint il explique aux potentiels futurs députés MDP comment être élu.
Se faire connaître sur les réseaux sociaux
Cela se fait essentiellement grâce à une courte vidéo dont il livre quelques clés pour qu’elle soit réussie. Bon, on l’avoue, on n’a pas beaucoup écouté la suite. Tout juste a-t-on compris qu’il était question de papiers administratifs à un moment donné. On s’est attaché à observer les gens autour de nous. Pendant la pause déjeuner, on a remarqué que beaucoup ne se connaissaient pas avant de venir.
Normal, ils viennent de régions différentes. Ils sont quasiment tous arrivés à Paris le matin même pour la réunion. Sébastien Nadot compris.
Pourtant, au moment de la pause déjeuner, ils forment rapidement des petits groupes de discussion. Tous sont agglutinés devant les deux tables qui composent le buffet. Très rapidement, les petits fours sont engloutis au rythme des discussions animées, sereine, enjouée. Certains parlent de politique nationale. D’autres continuent leurs exposés du matin.
Notamment une jeune femme en fauteuil roulant vers qui beaucoup des militants se sont tournés dès la fin de la réunion. C’est la benjamine de la réunion. Et son engagement en politique n’est pas encore certains. Elle a entendu parler de Sébastien Nadot, de son parti et était curieuse de voir à quoi ça ressemblait. Et autant dire qu’à la voir s’animer devant tout ce beau monde qui écoute son histoire, elle semble ravie de ce choix.
Chauffage et Emmanuel Macron
Certains des militants recherchent plutôt la chaleur. Pas la chaleur humaine. Non, ça, ils l’ont déjà trouvé. Mais il ne fait pas très chaud dans le sous-sol de cette péniche. L’effet de cohésion créé par les groupes s’explique aussi facilement par la localisation du seul radiateur de la salle. Personne n’ose s’éloigner à plus d’un mètre de cette source de chaleur.
Sauf quand il est décidé de reprendre la réunion. En ce samedi morose, c’est une longue journée qui attend les militants du MDP. Questions administratives encore… Mais surtout, cette question : « Qui va-t-on soutenir pour la présidentielle ? »
En effet, si Sébastien ne se présente pas à la présidentielle, ses militants aimeraient savoir pour qui ils doivent voter. Réponse de Robert Hue : chacun est libre de voter pour qui il le souhaite. Quant à lui, et ça c’est vérifié plus tard dans les médias, il a un penchant pour Emmanuel Macron.
Un article de Camille E. paru le 8 mars 2017 sur www.mcetv.fr