L’ancien candidat PCF à la présidentielle, aujourd’hui à la tête du Mouvement des progressistes, sera ce soir à Dijon.
Dans votre dernier livre (1), vous racontez que les partis vont mourir. Quelle sera la politique de demain ?
« Ce n’est pas moi qui annonce la mort des partis, mais les Français. Un sondage (Ipsos) montre que 85 % considèrent que les partis ne sont plus utiles. Les Français ont le sentiment, et ils n’ont pas tort, que les partis ne remplissent plus la fonction démocratique. Ils s’intéressent à la politique, mais ils la veulent autrement. C’est le sens de mon livre. »
Du coup, vous n’êtes plus au PCF et vous avez créé une nouvelle structure…
« Oui, un mouvement, pas un parti. La configuration verticale ne correspond plus. Les gens sont prêts à s’engager, mais pas de la même façon. Les vieux partis où il n’y a plus qu’une élite en haut, qui fait la pluie et le beau temps – pour elle d’ailleurs -, les Français n’en veulent plus. Ils veulent une politique de proximité, et non la course à l’échalote à telle ou telle élection ».
D’autres se positionnent aujourd’hui comme cela, non ?
« Je n’en vois pas en France. Nous avons créé une plateforme numérique car l’essentiel de notre travail se fait sur les réseaux sociaux. Les gens veulent aller chercher ce qui correspond à leurs besoins immédiats, au niveau familial, économique, professionnel. Ils ne veulent pas être confinés à des cadres rigides. J’ai dirigé 10 ans le PCF. J’ai été deux fois candidat à la présidentielle. Je ne suis pas en conquête d’un autre pouvoir. Je n’ai pas envie d’être de nouveau candidat. C’est ça, où nous allons vers le pire. Ce n’est pas nouveau non plus. Dans les années 30, le philosophe italien, Antonio Gramsci disait en parlant des partis : “Il y a une crise quand l’ancien n’arrive pas à mourir et le nouveau n’arrive pas à naître”. On est dans une période de clair-obscur et les monstres ne sont pas loin… »
Tout cela ne vous empêche pas de discuter avec un parti traditionnel, le PS, pour présenter des candidatures aux départementales…
« On n’est pas des partisans de la table rase. On construit un mouvement. Des partis continuent d’exister. Il n’y a aucune raison que l’on s’interdise d’être présent dans des batailles électorales, y compris les régionales. On aura des candidats où cela sera nécessaire. […] Nous sommes dans une démarche pour passer des alliances avec des sociaux-démocrates. En Côte-d’Or, mes amis – et notamment celui qui porte notre démarche, Claude Pinon – sont en discussion et les choses ont bien avancé : il y aura un binôme sur un canton de Dijon, où André Gervais (adjoint au maire) sera candidat. C’est acté. Un canton où il y a de bonnes chances de gagner même s’il y a lieu d’être inquiet des conditions dans lesquelles vont se tenir ces élections. Les grandes formations ne peuvent pas négliger les petites structures nouvelles comme la nôtre. Ce serait suicidaire. »
(1) Les partis politiques vont mourir et ils ne le savent pas , Éd. L’Archipel. R. Hue sera à 18 heures, à la Grande Taverne, à Dijon.
Une interview réalisée par Cyrill Bignault pour le Bien Public, à retrouver sur www.bienpublic.com