Armita Garavand

L’atroce assassinat d’Armita Garavand : une jeune fille s’érige en emblème de la résistance en Iran

Un an après, dans le crépuscule du destin, une funeste nouvelle émerge, celle de la disparition d’Armita Garavand, une jeune âme de seize printemps, emportée par la cruauté du régime islamique d’Iran. Il y a treize mois depuis le meurtre de Gina Mahsa Amini, une tragédie orchestrée par la République Islamique, sous le prétexte supposé de non-conformité aux dogmes vestimentaires de l’Islam.

Armita Garavand, une autre adolescente, une autre existence, s’était vue blâmer par les mêmes accusations. Les ténèbres de l’oppression l’ont engloutie, l’arrachant à la lumière de la vie. C’était dans les entrailles de la rame de métro, le premier du mois en cours à Téhéran, alors qu’elle se dirigeait vers son lycée, qu’une gardienne du hijab l’a brutalisée impitoyablement. Durant vingt-huit jours, elle erra dans les abysses du coma, tel un astre éteint dans la constellation de la jeunesse.

Depuis l’aube du soulèvement «Femme, Vie, Liberté» qui a suivi le décès de Mahsa Amini en 2022, des centaines de jeunes âmes ont été sacrifiées. Certaines ont succombé sous le feu des forces de l’ordre en uniforme et en civil dans les rues, tandis que d’autres ont été brisées par les violences infligées lors des manifestations ou par les tortures infligées en détention. La tragédie se perpétue, marquant une litanie de souffrances incommensurables.

La République islamique d’Iran, qui aujourd’hui prétend défendre les droits des enfants de Gaza, a été le seul État à célébrer l’attaque meurtrière du Hamas en Israël le 8 octobre, ainsi que le massacre de civils israéliens. Ce régime est responsable du meurtre de ses propres enfants, pourtant en temps de paix sur son propre territoire.

Kian Pirfalak, ce nom devenu symbole de la résistance du peuple iranien, était un garçon de 10 ans tué par des balles lors de manifestations à Izeh, petite ville du sud-ouest de l’Iran, rejoignant la longue liste de victimes. Le nombre d’enfants et adolescents tués par le régime iranien pendant ce mouvement, notamment dans deux provinces de Kurdistan et Balouttchistan, est aussi considérable.

Ces dernières années, l’État iranien a réprimé violemment les manifestants, en particulier depuis 2016. En novembre 2019, en coupant Internet, ce régime a fait disparaître pas moins de 1 500 manifestants à Téhéran et dans de nombreuses autres villes.

Le régime brutal de la République islamique n’hésite pas à torturer les manifestants arrêtés, les maintenant dans des conditions inhumaines de détention. De nombreux jeunes ont été blessés, certains ont été visés au visage par les agents anti-émeutes, perdant parfois un œil, voire les deux, à cause des balles de chasse.

Une revendication majeure des Iraniens, à la fois à l’intérieur du pays et de la part d’une grande partie de l’opposition exilée, est d’inscrire le Corps des Gardiens de la Révolution sur la liste des groupes terroristes de l’Union européenne et des États-Unis, une démarche qui, hélas, n’a pas encore été réalisée.

Les Iraniens soutiennent que cette entité militaire de la République islamique, particulièrement puissante, influente et en même temps brutale et féroce, est activement impliquée dans les conflits régionaux, y compris la guerre actuelle en Ukraine, en équipant l’armée russe de drones, mais aussi le conflit en cours au Proche-Orient, en finançant divers groupes terroristes tels que le Hamas, le Jihad islamique et le Hezbollah libanais. Elle soutient également d’autres groupes armés et paramilitaires comme les Houthis au Yémen et les Hachd al-Chaabi en Irak. La République islamique d’Iran ne cache pas non plus ses efforts de normalisation de ses rapports avec les Taliban, ce groupe retardataire non reconnu internationalement.

Dans ce sombre panorama, il est essentiel de rappeler que deux journalistes courageuses, Niloufar Hamedi et Elaheh Mohammadi, qui ont couvert l’effroyable assassinat et l’enterrement de Mahsa l’année précédente, sont encore aujourd’hui retenues en détention. Le verdict implacable a pesé sur elles, les condamnant à respectivement sept et six années de prison.

Lors de l’enterrement de Mahsa Amini, l’an dernier, une petite vidéo a fait surface, mettant en scène la main d’un homme, d’un inconnu, qui écrivait en kurde une prédiction poignante sur la pierre qui marquait sa sépulture temporaire : «Tu ne meurs pas, ton nom devient un symbole».

Presque un an après cette prédiction quasi-prophétique, nous sommes confrontés à un triste constat : le nom d’une autre femme se hisse désormais comme un nouveau symbole de résistance en Iran, celui d’Armita Garavand.

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