Le cubisme ne s’est pas limité à l’étroite collaboration de Picasso et Braque. D’autres artistes vont s’engager dans la même voie, mais avec un certain décalage temporel, et par la reconnaissance de leurs contemporains ils se présenteront presque comme un groupe constitué au Salon des Indépendants de 1911, dans la salle 41 où étaient présentés au public des tableaux notamment de Jean Metzinger, Albert Gleizes, Robert Delaunay et Fernand Léger.
Ces artistes sont alors très attachés à la vision de Cézanne, précurseur du cubisme (par exemple, avec sa série de la Montagne Sainte Victoire). D’autres artistes se rallieront au cubisme naissant grâce à leurs contacts avec Picasso et Braque, comme Derain qui s’est détaché du fauvisme, Juan Gris et Louis Marcoussis.
De cette vague, se détache plus particulièrement Fernand Léger, qui présente une œuvre dont les recherches plastiques vont vers la décomposition des formes, non pas en plans, mais en volumes, s’inscrivant comme une rigoureuse application des travaux de Cézanne : au cube, Léger préfère cônes et cylindres. S’il traverse en 1911-1912 une période qui l’apparente au Cubisme analytique (cf la Noce, collection permanente de Beaubourg), il en revient vite à l’abstraction en peignant ce qu’il appelle des Contrastes de formes.
A la suite de son arrivée à New-York, fuyant le nazisme, cette orientation nouvelle étant servie par des artistes européens (Lyonel Feininger, Max Beckmann, Max Ernst, André Masson…) qui fréquenteront le pape du surréalisme André Breton, nous en retiendrons une pratique proche du langage analytique offrant des œuvres où flottent, sur une surface qui refuse toute spatialité (André Breton, Matta, Masson), des formes qui paraissent souvent issues du monde organique. La vigueur d’une écriture qui intègre les couleurs franches chez Fernand Léger lors de sa période américaine, sera celle d’un Andy Warhol une décennie plus tard.
La dénomination d’Expressionnisme abstrait qui avait été utilisée en 1929 pour décrire les tableaux de Kandinsky est reprise en 1945 pour les jeunes peintres américains (De Kooning, Motherwell, Franz Kline, Rothko, Newman, Reinhardt…). Le Président Roosevelt, qui lancera de grands chantiers de construction, favorisera l’ornementation par de grandes fresques, telles celles de Fernand Léger ou de Motherwell.