Le monde a besoin d’Europe, la France aussi, mais pas de n’importe quelle Europe, d’une Europe démocratique, sociale et progressiste.
Il y a chez nos concitoyens une légitime « crise de la conscience européenne » pour reprendre l’expression de Paul Hazard. Les Français, comme beaucoup d’autres Européens, ne se reconnaissent plus dans l’Europe actuelle, antidémocratique, antisociale, anti-progressiste. Ils ne se reconnaissent plus dans une Europe des marchés, de l’argent-roi, qui ne les reconnaît pas comme citoyens, comme travailleurs, comme jeunes (près de six millions sans emploi). Alors comment ne pas comprendre leur désamour de cette Europe-là, technocratique, faussement démocratique ?
L’idée européenne doit redevenir un idéal de vie ; elle doit porter l’espérance d’un monde meilleur où chacun puisse vivre décemment sans s’inquiéter du lendemain. L’Europe doit redevenir une terre d’accueil, et d’abord pour ses propres ressortissants, roms en tête, ce malheureux peuple chassé de partout. Le continent des Droits de l’Homme en a le devoir impératif. L’Europe se doit en effet, plus que jamais, d’être une Europe de la Justice et des libertés, où le meilleur de chacun (des Etats) puisse devenir la règle de tous les autres. En un mot, l’Europe de demain doit être exemplaire s’agissant du droit des gens, des peuples. Exemplaire s’agissant de la protection de l’environnement : le combat écologique est le sien.
Le monde ne peut se passer d’Europe, la France non plus. N’en déplaise à tous les grincheux et sceptiques, aux extrémistes de droite, aux populistes de gauche comme de droite, l’Europe a encore vocation à être l’avenir du monde. Le phare du bien-être et de la liberté.
Au-delà de l’immense privilège que représente le bulletin de vote (faut-il rappeler que des millions d’hommes sur la planète en sont privés ?), le droit de libre expression qu’il sous-tend ne saurait être bafoué en démocratie authentique. Certes, et nous le comprenons, quoiqu’abondante (15 listes en moyenne par circonscription européenne), l’offre politique demeure décevante. Nous comprenons donc la tentation abstentionniste. Mais, redisons-le, cette tentation est vaine, stérile. En quoi change-t-elle le jeu politicien qui ne connaît que les suffrages exprimés ? Alors, oui, la sécession des urnes est une folie démocratique. Alors oui, il faut aller voter.
Le vote blanc aujourd’hui reconnu, comptabilisé (même si l’on peut regretter qu’il ne le soit pas encore avec les suffrages exprimés), témoigne comme les autres votes d’une démarche civique. En quoi serait-il moins légitime que le vote pour telle ou telle liste ? Le vote blanc est un acte pleinement citoyen. L’enveloppe vide déposée dans l’urne est en fait une enveloppe pleine d’espoir, d’espoir et de confiance en une Europe des travailleurs et des citoyens. Une Europe des hommes, celle d’un art de vivre.
Votez utile (pour cette Europe), c’est voter blanc.