Les français étaient en droit, au lendemain d’une telle séquence électorale, d’attendre autre chose de l’intervention présidentielle.
Plus que la déroute électorale cinglante infligée à toute la gauche, plus que l’important bouleversement de la carte électorale, le seul niveau de l’abstention – et plus particulièrement de l’abstention populaire – aurait mérité que le chef de l’État s’y arrête autrement qu’en regrettant que les institutions soient attaquées ou que le pays soit soumis à de vaines querelles.
Quand des millions de personnes font de plus en plus délibérément le choix de ne plus se prononcer, même pour élire les élus les plus proches d’eux, quand ce choix devient majoritaire, sans doute aurait-il été sage de s’interroger sur le type d’agression qu’ils subissent eux-mêmes pour qu’ils en arrivent à penser inutile de se prononcer.
Oui, tous les mots étaient suffisamment pesés et sans doute dits avec autorité pour prétendre avoir entendu le message mais dans le même temps continuer un « redressement économique » qui n’est pas perçu comme tel et ne produira rien de bon.
Suffisamment pesés pour prétendre percevoir l’injustice sociale, la question du pouvoir d’achat et n’y répondre qu’au travers d’une future baisse des impôts (vieille rengaine chère à la droite !) sans réaffirmer la nécessaire et attendue réforme fiscale.
Des mots suffisamment pesés pour vanter un pacte de responsabilité que les PME, PMI, pourvoyeuses d’emplois, aimeraient percevoir et évoquer dans le propos, un pacte de solidarité bien abstrait…
Notre pays est confronté à une grave crise politique qui risque de s’amplifier davantage à l’occasion des élections européennes ! Le Président de la République n’a pourtant donné le sentiment d’avoir comme seules boussoles que le regard de Bruxelles sur nos comptes publics mais, pire encore, surtout 2017 et déjà la future présidentielle.
Ce qui s’est passé les 2 week-ends passés mérite non pas de s’inventer de vaines querelles et des divisions mais bien de redonner du sens à l’engagement politique et à son appropriation par les citoyens. Je n’ai vraiment pas ressenti cette volonté dans l’intervention de François Hollande et je le regrette d’autant plus que le niveau de défiance à l’égard de la majorité présidentielle restera dominant au lendemain de la mise en place d’un nouveau gouvernement.
