Chers amis,
Permettez-moi de vous transmettre toute la joie et le plaisir que j’éprouve en participant à cette Assemblée Générale des progressistes.
Je commencerais mon intervention par la conclusion temporaire du document « Faire en sorte que l’élaboration d’un véritable programme soit l’œuvre du plus grand nombre, que cette phase de construction de notre mouvement soit une mise en application concrète de nos convictions démocratiques. »
Ce texte, s’il n’aborde pas tous les aspects d’un projet progressiste et global, a ce grand mérite de dégager les axes principaux d’une orientation humaniste ouverte et débarrassée des cadres étroits et sectaires hérités du passé permettant à contrario l’émergence des forces sociales.
C’est pourquoi, j’interviendrai sur les deux premiers points de ce texte :
– Une nouvelle éthique de la République et de la vie politique
– L’approfondissement de la démocratie sociale et citoyenne
Sur le premier point
Les rédacteurs du texte ont raison d’affirmer que les Français ont besoin d’avoir confiance en leurs institutions, ce qui n’est pas le cas actuellement. Il faut une mutation qualitative, une nouvelle république s’impose, afin qu’elle soit plus démocratique et plus juste et qui s’engage sur une rupture institutionnelle et constitutionnelle. Cette 5ème république, étalée dans la longueur plus de 45 ans, a institutionnalisé le pouvoir personnel, bafoué les prérogatives des assemblées élues. Cette 5ème république, si elle donne sur certains aspects l’impression d’être un exemple de démocratie, a en fait ligoté les initiatives populaires et les réflexions sur le devenir de la société française.
L’élection au suffrage universel du président de la République étouffe en réalité la véritable démocratie, elle est comme le souligne le texte un trompe l’œil démocratique.
Nous sommes en campagne électorale présidentielle en permanence, les sondages se succèdent les uns après les autres, les questions posées aux sondés escamotent les vrais problèmes et conduisent à imposer une opinion qui n’est pas forcement celle des sondés et encore moins du public qui devra consommer ces résultats de sondage et se faire ainsi une opinion.
Le mandat présidentiel a été réduit de 7 à 5 ans, cela a eu pour conséquence d’amplifier ce grave travers.
Oui aux rédacteurs du texte quand ils écrivent LE SORT et l’AVENIR d’une démocratie moderne ne saurait dépendre d’une personne unique exerçant un pouvoir exorbitant ou quand ils réaffirment, comme « JEAN JAURES, « il devient URGENT de restaurer la part de souveraineté revenant au citoyen. »
J’en viens au 2ème point sur l’approfondissement social et citoyen.
Si celui-ci repose sur l’implication individuelle et collective des citoyens, elle ne pourra s’exercer que dans un cadre institutionnel refondé et une constitution pas seulement remaniée mais transformée.
Le texte a raison de souligner que la démobilisation politique des différentes couches de la population n’est pas le résultat d’une négligence ou d’un désintérêt des électeurs mais traduit une insatisfaction vis-à-vis de l’offre politique traditionnelle .
Il s’agit là aussi d’une crise qui risque d’avoir des conséquences sur la crédibilité et l’efficacité de la démocratie avec le rejet des politiques et son remplacement par la Fédération des colères et une influence renforcée des populismes pouvant conduire jusqu’à l’extermination de la démocratie.
Il me semble URGENT que notre mouvement qui a conscience de cette situation dangereuse allume des contre-feux.
Ces contre-feux ne peuvent, à mon avis, se trouver dans l’établissement des programmes clés en main mais des propositions pour multiplier débats, réflexions, recherches pour des propositions nouvelles de l’innovation en quelque sorte.
Comme le propose le texte, notre mouvement ne doit pas se substituer aux débats, canaliser les initiatives mais au contraire stimuler l’échange démocratique, susciter la parole, engager des rencontres avec des responsables de la société civile, avec tous ceux qui sont au centre de la vie sociale économique et culturelle de notre pays.
Soyons plutôt un aiguillon qu’un canalisateur, ouvrons nous pleinement à la société française telle qu’elle existe pour que s’engagent des discussions, des actions afin de transformer cette crise politique en solutions d’avenir pour le règlement des autres crises et, en particulier, les crises économiques et sociales. En effet, je pense que les avancées sociales et économiques ont besoin de l’élimination du carcan constitutionnel et institutionnel actuel.
J’aurais bien voulu intervenir sur un autre point : La reconstruction sociale autour des principes de justice sociale, d’égalité, au savoir et à la culture, mais le peu d’intuition que je puisse avoir me fait penser que ce sujet sera largement abordé.
A l’inverse, la même intuition m’a laissé penser que la nouvelle éthique de la république et de la vie politique et sa conséquence indispensable, l’approfondissement de la démarche sociale et citoyenne, n’aura pas le même crédit. C’est pourquoi, j’ai décidé d’intervenir sur ces deux points en écrivant totalement cette contribution afin de respecter le temps de parole et les autres intervenants.
Merci de m’avoir écouté.
Intervention de Paul Augot, Conseiller municipal MUP d’Ezanville (Val d’Oise), lors de la rencontre nationale des progressistes