Par Sébastien Chinsky, MUP Paris.
Après l’agression d’un professeur par un élève hier à Bordeaux, et celle d’une professeure par un parent à Poitiers, la réaction doit être unanime : la société ne peut accepter que des enseignants soient violentés dans leur institution.
Ces agressions ponctuelles laissent entendre à chaque professeur qu’il est susceptible d’être victime de violence. Elles ont des répercussions sur l’ensemble du corps enseignant. L’Education Nationale ne peut remplir sereinement sa mission si les professionnels qui la composent ont le sentiment de vivre sous la menace permanente.
Il s’agit désormais de trouver des solutions adaptées pour rétablir un climat apaisé de travail dans nos établissements scolaires.
Certains analysent ces évènements comme des comportements individuels. Il suffirait, pour éviter la répétition de ces faits, de sanctionner (en coupant, par exemple, les allocations familiales aux familles des auteurs d’agression, en plaçant des policiers dans les établissements scolaires, en sanctuarisant les écoles…). D’autres replacent ces agissements dans une sorte de délitement du respect dû à l’autorité dans notre société et souhaitent remettre en place des cours de morale.
Rappelons-nous que l’objectif assigné au cours d’éducation civique lors de sa réintroduction en 1985 sous l’impulsion de Jean Pierre CHEVENEMENT était de reconstituer un creuset républicain. Mais, rapidement, on le sait, les cours se sont limités à de la transmission de savoirs sur le fonctionnement des institutions.
Il est essentiel de poser aujourd’hui la question de l’organisation scolaire (pédagogie employée, formation des professeurs) et des missions de l’Education Nationale et ne pas se borner à colmater par des rustines les brèches que les feux de l’actualité rendent visibles. Personne, bien entendu, ne souhaite un retour à l’ancien système.
Il importe donc aujourd’hui que l’actuel débat sur la refondation de l’école donne toute sa place à la question de la position que la société entend réserver à ses enseignants et aux moyens effectifs et symboliques permettant la reconstitution d’un système où le maître est respecté dans sa fonction d’éducation comme dans son autorité.