Un bilan hélas provisoire
Dans le Monde, le 7 mai 2021, le nombre de morts s’élevait à 3,73 millions ! En France, on déplore plus de 110 000 décès depuis le début de la pandémie. Cependant, selon l’état des systèmes de santé, des causes sociales peuvent être cumulatives avec des comorbidités telles que des pathologies cardio-vasculaires, du diabète, l’obésité….Le nombre de cas avérés de contaminations – 173 millions – est certainement plus explicite pour vérifier la dangerosité du virus COVID 19 dont la dispersion est mondiale.
Une origine inconnue
La détection de ce coronavirus a commencé en décembre 2019 par l’incrimination d’un marché aux animaux à Wuhan, ville chinoise de 13 millions d’habitants. Le coronavirus, qui circulait alors, semblait en grande partie proche de celui qui avait provoqué la crise du SRAS en 2003 (pneumonie atypique touchant un groupe de population ou cluster). Pour se décharger de la lenteur à mettre en place une réponse sanitaire locale d’ampleur suffisante et informer en temps réel l’Organisation Mondiale de la Santé, la Chine a accusé sans preuve les élevages de volailles puis successivement les pangolins, les chauve-souris, enfin les civettes, de constituer des hôtes intermédiaires. Pourtant, quelques années auparavant, en 2014, la crise de la grippe aviaire avait démontré que la propagation des zoonoses est liée de façon inexorable à la destruction des milieux naturels et à la perte de biodiversité. Dans ce contexte, l’observation d’oiseaux sauvages avait permis d’identifier certaines espèces « sentinelles » et de procéder à des analyses virologiques.
Pour le COVID 19, l’hypothèse d’une échappée d’un laboratoire de haute sécurité est ainsi devenue très commode pour se dégager des responsabilités sanitaires auprès des populations, entretenir la psychose collective pour rendre acceptable le confinement ou suggérer une conspiration venue de l’étranger (bio-terrorisme). Le 6 février 2020, le jeune médecin de Wuhan, LI WENLIANG, est décédé infecté par le COVID 19 après avoir lancé l’alerte sur sa dangerosité. En médecine comme ailleurs, rien de tel qu’un bon martyr pour masquer la duplicité d’un gouvernement.
Un désastre sanitaire en France
En France, les choix politiques ont rapidement supplanté les recommandations du Conseil scientifique. La déferlante de la surenchère médiatique des « spécialistes » a sans doute contribué à renforcer l’esprit complotiste, la défiance envers les vaccins ou la croyance aux potions magiques. Promu épidémiologue, le chef de l’Etat n’a guère aidé à clarifier la communication du gouvernement. La convocation des chefs des partis politiques n’a servi qu’à ratifier des mesures prises sans concertation préalable. Le lourd coût humain du confinement tardif sera peut-être un jour analysé par une commission parlementaire. En effet, « le report à avril des mesures réclamées fin janvier par les scientifiques aurait entraîné 14 000 décès de plus » (Le Monde, 19 juin 2021). Cependant, le confinement a sans doute permis de contrôler la propagation du virus COVID 19 grâce au port du masque et l’usage de gel hydroalcoolique, à la distanciation sociale. Mais dans l’ambiance autoritaire, il a aussi contribué à entraver la liberté de circuler, de se réunir, tout en décidant du type d’activité économique à stopper au nom de la « santé publique ».
La mise en place précoce de dépistages massifs dans tous les clusters, puis dans l’ensemble de la population générale, aurait peut-être permis de nuancer les mesures selon les régions. Dans ce contexte, seule une vaccination de masse aurait alors limité l’expansion virale de la souche initiale et peut-être éviter que des variants n’apparaissent. Mais notre pays est resté incapable de produire des vaccins en dépit des aides de l’Etat à l’industrie pharmaceutique (crédit impôts recherche, CICE…). La validation de ceux-ci (rapport bénéfices/risques) a aussi retardé la planification de la vaccination. Quasi submergé, notre système de santé a alors confirmé son cynisme et sa faillite, de façon dramatique pour les patients et leurs familles. Tabou absolu, le triage des patients s’est imposé au gré du flux croissant des malades arrivant aux urgences en état de détresse respiratoire.
Le stockage n’a pas été suffisant : pénurie de masques, d’antiviraux, de respirateurs adaptés. L’histoire retiendra les propos d’un ministre déclarant, lors du premier pic, que le port du masque constituait une mesure inutile, sans doute pour nous persuader d’oublier que les stocks constitués en 2009 pour la grippe H1N1 étaient périmés et n’avaient pas été renouvelés.
Notre imaginaire collectif en a pris un coup en ce qui concerne la médecine française vantée « en pointe ». La population française découvre aussi la pénurie d’infirmiers, de réanimateurs dont la formation exige le temps long des études, de l’apprentissage sur le terrain et de la coordination en équipe. De façon significative, aucune mesure n’est venue conforter cette « 1ere ligne » par des mesures salariales ni anticiper les besoins à l’aune de l’ampleur de la prochaine pandémie. La gestion de crise, complexe, doit être globalement repensée de façon urgente…
Jean COUTHURES, membre du bureau national du MdP