La dépense intérieure de recherche pour la France s’élève aujourd’hui à 50,6 Mds d’euros représentant 2,2% du produit intérieur brut. Un montant manifestement insuffisant au regard des besoins et de la situation de notre recherche nationale. Insuffisant aussi au vu des efforts considérables réalisés en la matière par les pays voisins, l’Allemagne, la Suède, la Finlande, la Suisse et l’Autriche qui dépassent quant à eux la barre des 3% au sein des pays de l’OCDE.
Et le nombre de chercheurs et personnels de soutien en France n’est pas plus probant rapporté au chiffre de la population active, l’administration grignotant de plus en plus de moyens alloués dans de nombreux secteurs.
Alors que la recherche devrait s’organiser au sein des universités en accord avec les enseignements, elle s’effectue trop souvent aujourd’hui au détriment de ces derniers, les étudiants en Master et Doctorat constituant souvent un vivier de « petites mains » précaires au service de quelques mandarins. Et la course aux publications dans des revues de prestige conditionne parfois la survie des labos.
Pour les organismes publics de recherche (CNRS, INSERM, INRA…), les appels à projet prennent beaucoup de temps de rédaction aux responsables tandis que se développe une culture de concurrence entre labos d’une même structure, avec un « management » incompatible avec le temps long de l’expérimentation, de la réflexion critique puis de l’éventuelle application, dans l’industrie ou ailleurs. La recherche théorique et fondamentale se trouve ainsi trop souvent écartée des grandes orientations.
L’ignorance du politique conduit à espérer renforcer les performances scientifiques par de grands équipements en repoussant toujours la question de l’attractivité des carrières. Il ne devrait pourtant pas s’agir de garder coûte que coûte des chercheurs émérites, telle notre récente prix Nobel de chimie, mais bien d’ouvrir les postes de techniciens, ingénieurs et chercheurs, permettant de faire fonctionner les structures et aboutir les programmes.
Plutôt que d’accabler les labos de la recherche publique, il conviendrait de s’interroger sur le manque d’investissement des entreprises françaises qui pourtant jouissent d’un crédit Impôts-recherche qui tourne à la mascarade quand les fonds renforcent les dividendes des actionnaires.
On constate en outre un éparpillement des outils financiers au travers des « agences » dont les cibles ou les missions se chevauchent parfois : « programme » d’investissements d’avenir, « fonds » pour l’industrie et l’innovation, « plans » spécifiques pour l’intelligence artificielle ou la nanoélectronique…etc. Il résulte de ce syndrome de Bercy un manque de transparence de l’usage des fonds publics, un manque de suivi des dépenses qui devraient pourtant relever d’une expertise indépendante au Parlement. Sans cohérence d’ensemble, s’ajoutent également les dépenses des collectivités (régions, département et communes) qui subventionnent les entreprises en raison du chantage à l’emploi qu’elles subissent.
Les appels à projets les plus pertinents émanent de l’Union Européenne : projets cadres de recherche et Développement (PCRD) permettant la mutualisation entre équipes sur des sujets à l’échelle du continent. La recherche des minéraux nécessaires à la fabrication de batteries performantes, les études sur la pollution des sols, la toxicologie des intrants agricoles, l’épidémiologie à vaste échelle sur les populations, la prévention des risques majeurs restent d’actualité et constituent quelques unes des nombreuses pistes envisageables.
En cohérence, le Mouvement des Progressistes regrette un projet de budget de la Recherche pour 2021 qui s’avère nettement insuffisant face aux enjeux planétaires qui ne relèvent pas du « monde d’après ».
Jean Couthures, Membre du bureau national du MdP