Lors de la séance des questions au gouvernement, mardi 17 décembre, Sébastien NADOT, député de Haute-Garonne et membre du Comité national du Mouvement des Progressistes, a interpellé le gouvernement et le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères sur la situation particulièrement préoccupante d’Amadou VAMOULKE, prisonnier politique au Cameroun, et plus généralement sur la situation politique dans le pays.
M. le président. La parole est à M. Sébastien Nadot.
M. Sébastien Nadot.
Monsieur le Premier ministre, si les difficultés que connaît
actuellement notre pays appellent des réponses, le malheur n’a pas de
frontières : je m’inquiète profondément pour M. Amadou Vamoulké, ancien
directeur de la télévision publique camerounaise, prisonnier politique,
embastillé depuis plus de trois ans, gravement malade et privé de soins.
Sa situation est emblématique d’un pays en panne démocratique, et qui
souffre.
Le préambule de notre Constitution commence par ces
mots : « Le peuple français proclame solennellement son attachement aux
Droits de l’homme ». Que fait la France, pays des droits de l’homme et
membre du Conseil de sécurité des Nations unies, pour que la situation
humanitaire déplorable et la guerre qui se déroule dans la zone
anglophone du Cameroun ne débouchent pas sur un génocide au cours des
prochains mois ? (MmeDelphine Batho applaudit.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères.
Monsieur le député, la France se préoccupe de la situation au
Cameroun. Elle ne se contente pas de déclarations, y compris au Conseil
de sécurité : elle se rend sur place.
Comme vous le savez, à la
demande du Président de la République, je me suis rendu au Cameroun le
mois dernier, et cela d’autant plus volontiers que, à la suite de
nombreuses démarches de notre part, le président Biya a décidé de rendre
la liberté à plusieurs opposants politiques, dont le principal,
M. Maurice Kamto. Lors de ce voyage, j’ai pu rencontrer le président
Biya, pour témoigner de notre préoccupation face à la situation que vous
évoquez, ainsi que les différents partis d’opposition, notre objectif
étant d’accroître la transparence et de mieux reconnaître ces partis
d’opposition dans la perspective des élections législatives prévues pour
le 9 février prochain.
Ces entretiens ont également permis des
avancées concernant les provinces Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun,
soit les provinces dites anglophones. En effet, le président du Cameroun
s’est engagé à développer la décentralisation et à accorder à ces deux
régions un statut spécial au terme d’un processus législatif. À
l’initiative des autorités, un « grand dialogue national » s’est tenu à
Yaoundé à la fin du mois de septembre. En ce moment même, le projet de
décentralisation suit ce processus législatif, auquel la France
apportera son soutien technique.
En somme, nous devons rester vigilants parce que la situation est difficile, mais la dynamique actuelle est plutôt positive. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
M. le président. La parole est à M. Sébastien Nadot.
M. Sébastien Nadot.
Merci, monsieur Le Drian. Je connais votre engagement. Je voudrais
cependant obtenir une réponse du Premier ministre, tant il me semble que
la question des droits de l’homme ressortit à l’identité de la France :
quelle est la volonté du chef du Gouvernement en la matière ?
Depuis
plusieurs mois, je m’entretiens avec des responsables politiques
camerounais de tous les partis, sans exclusive, comme Akere Muna,
Maurice Kamto, Sisiku Ayuk Tabe et bien d’autres. Une voie vers un
Cameroun apaisé est encore possible. La France, lors du discours
d’Emmanuel Macron du 28 novembre 2017 à Ouagadougou, avait permis de
nourrir quelques espoirs. Est-ce encore le cas aujourd’hui ?
La
scène se déroule le 6 décembre lors d’une réunion du Conseil de sécurité
des Nations unies à NewYork : alors que l’escalade de la violence au
Cameroun est à l’ordre du jour, la France n’est pas présente !
M. Jean-Yves Le Drian, ministre. Ce n’est pas vrai !
M. Sébastien Nadot. La chaise de son représentant est vide. C’est une faute grave, monsieur le Premier ministre. Nous avons une dette morale et politique envers le Cameroun.
M. Sylvain Maillard. Ce n’est pas vrai que le représentant de la France était absent !
M. Sébastien Nadot. Une vidéo le montre. Intervenez pour faire libérer…
M. le président. Merci, monsieur le député.
M. Sébastien Nadot. …Amadou Vamoulké.