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ARAGON. Un destin français. Pierre Juquin.

Par Jean Dufour, ancien député, délégué du MUP Bouches du Rhône.

Un pavé à l’œil, oui.

Une somme bénédictine sans doute aucun.

Une Rotonde de chemin de fer sans aucun doute.

Formules à l’emporte pièce et une réalité qui disent à la fois le rapport physique en terme de volume, de poids, en terme de reconnaissance de qualité, rigueur et minutie dans l’exposé.

Et puis cette extraordinaire réalité où la magie de la rotonde de chemin de fer, lieu-atelier de remise à neuf des machines et de leurs nouvelle vie s’impose.

Avec un destin français Pierre Juquin ne pose pas simplement une pierre dans la déjà longue histoire d’approche biographique d’Aragon.

Les Aragon « et », Aragon « avant », Aragon « après », Aragon « avec » ou « face à » ne manquent pas, découpant en tranches le personnage pour les besoins de la cause, de l’exigence du code de publication.

Héritiers, exécuteurs testamentaires, universitaires ont apporté leur contribution à la figure d’Aragon.

Aragon avec sa présence, charbon ardent du futur, sa malice et son goût du jeu en a-t-il dérouté plus d’un ou une derrière le masque blanc ?

Tous et toutes s’en sont accommodés et pourtant avec la biographie de Pierre Juquin, sans casser ce masque, pour la première fois on retrouve non seulement Aragon, son écriture mais surtout cette démarche si particulière inscrivant sans cesse le présent dans le devenir, cette règle morale qui rejette le reniement pour mieux dire le choix présent.

En fait, cette biographie par ses allées retours historiques sans céder à la facilité des anachronismes de concept, sans recourir non plus à la condamnation (au mieux) de l’aveuglement à l’encens (au moins) du poète voyant, nous donne à voir pour la première fois un Aragon dans le réel comme en témoigne ces pages sur la guerre d’Espagne.

Mais plus encore, et c’est là pour moi le mérite de ce travail, c’est que non seulement on ne perçoit plus Aragon disséqué mais Aragon vivant.

Ainsi, on passe du microscope électronique première génération où au travers de la feuille d’or l’insecte est sec à ce microscope électronique où la vie continue.

A travers cette vision nouvelle, qui intègre les acquis souvent parcellaires, en les mettant dans une perspective globale, Pierre Juquin ouvre sans aucun doute de nouvelles pistes de recherche, à l’exemple d’Aragon et le marxisme, des pistes pour les chercheurs(ses) d’aujourd’hui.

Pistes pour les chercheurs, mais aussi pistes pour les lecteurs. Anciens, nouveaux lecteurs d’Aragon feront leur miel de ce premier tome, qui est une invite permanente à lire, relire, élargir le champ des textes.

Reprendre les références bibliographiques de Pierre Juquin avec les débats Commune, Surréalistes, Espagne ou simplement faits divers et chiens écrasés, est pour chacune, chacun, une entreprise passionnante tout simplement avec « Gallica ».

Ouvrage d’histoire littéraire stimulant en même temps qu’ouvrage qui parle en terme d’interrogation mais aussi de possibilités politiques à toutes celles, tous ceux qui ont à cœur de contribuer à une nouvelle visée progressiste.

Ouvrage qui invite à « regarder le néant en face pour savoir en triompher ».

Ainsi, au-delà du projet littéraire réussi, Pierre Juquin nous plonge au plus profond du présent en nous rappelant la nécessité de « croire au Soleil quand tombe de l’eau ».

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