PARIS (Reuters) – Des députés de cinq pays européens – parmi lesquels Sébastien NADOT – ont lancé jeudi un “appel de Paris” pour le Yémen demandant notamment un “cessez-le-feu immédiat” dans ce pays dévasté par la guerre ainsi que la suspension des ventes d’armes aux pays prenant part au conflit.
Au terme d’une conférence à l’Assemblée nationale rassemblant des députés venus de France, de Grande-Bretagne, d’Italie, d’Allemagne et des Pays-Bas, les élus ont invité leurs pairs du monde entier à se joindre à cet appel.
“C’est un jour historique pour les parlementaires internationaux. Nous avons tous les uns les autres travaillé dans nos Parlements respectifs pour apporter la paix au Yémen”, a déclaré le député travailliste britannique Keith Vaz.
“Nous allons faire en sorte que d’autres parlementaires dans le monde puissent nous rejoindre sur cet appel”, a ajouté devant la presse l’élu, né à Aden au Yémen.
Outre un cessez-le-feu immédiat et la reprise des pourparlers pour la paix sous l’égide des Nations unies, l’appel de Paris demande que l’aide humanitaire puisse parvenir aux populations.
“Le conflit a causé des pertes inacceptables d’au moins 30.000 civils et occasionné une situation d’urgence humanitaire pour désormais 22 millions de Yéménites”, a rappelé le député français Sébastien Nadot, qui alerte depuis des mois sur ce dossier.
“Les exportations d’armes en direction des pays parties au conflit doivent être suspendues immédiatement”, peut-on également lire dans l’appel lancé par les députés, selon Sébastien Nadot.
En avril dernier, ce dernier a lancé une procédure visant à créer en France une commission d’enquête “sur le respect des engagements internationaux de la France au regard des autorisations d’exportations d’armes, munitions, formations, services et assistance accordées aux belligérants en conflit au Yémen”.
Les organisations de défense des droits de l’Homme accusent des pays occidentaux dont la France de contribuer à la crise humanitaire au Yémen en vendant à l’Arabie saoudite et à ses alliés arabes des armes utilisées dans cette guerre.
Selon le cabinet d’avocats Ancile, mandaté par plusieurs ONG, la France s’expose à un risque juridique “élevé” en livrant à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis (EAU) du matériel militaire dont l’utilisation au Yémen est susceptible de violer le droit international humanitaire.
En complément des initiatives politiques, 35 organisations humanitaires et de défense des droits humains réclament elles aussi la cessation immédiate des hostilités au Yémen.
L’appel émane de grandes organisations internationales comme ACAT, Action Contre la Faim, CARE International, Oxfam, la FIDH, la Ligue des droits de l’Homme, Médecins du Monde, d’associations yéménites comme Mwatana Organization for Human Rights avec le soutien des mouvements Avaaz et SumOfUs.
“Quatorze millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont menacés de famine au Yémen. Plus que jamais, il est urgent d’agir”, écrivent les signataires, qui appellent notamment les gouvernements à garantir le libre accès et la libre circulation des importations vitales pour la population yéménite.
Un article d’Elizabeth Pineau publié sur fr.reuters.com le 8 novembre 2018