Par Olivier Chapuis-Roux, Vice-Président (MUP) du Conseil régional de Picardie, délégué du MUP Picardie.
L’accablant rapport officiel remis sur le projet de canal Seine-Nord-Europe a jeté une lumière crue sur le tissu de mensonges que l’on a servi aux Picardes et aux Picards depuis le début du dossier.
Il apparait clairement que VNF n’a jamais eu la capacité de porter un tel projet et encore moins la capacité d’analyse tant sur le financement que sur le modèle économique.
Le jugement est sévère et sans appel : les financements ont été prévus pour un projet annoncé par Nicolas Sarkozy lors de sa visite en Picardie à 4,4 milliards d’euros, mais dès l’automne 2011, il est apparu que le projet atteindrait 7,3 milliards d’euros sans compter les raccordements routiers (sic) et ferroviaires ce qui porte le projet à 8 milliards d’€uros.
C’est une impasse financière de près de 3 milliards que Sarkozy, Gest (Président de VNF et député de la Somme) et Demilly (Député de la Somme) nous ont vendu pendant des années et surtout durant la dernière campagne des élections législatives.
C’est un cout d’exploitation annuel déficitaire de 350 millions d’€uros dont personne n’a programmé le financement.
Comment ont-ils pu tromper les élus locaux, pour la majeure partie de bonne foi, et la population de notre région en faisant le lobbying nécessaire, en engageant des dépenses importantes tant sur le plan de l’achat des terrains que sur des travaux préparatoires alors que ni les finances publiques ni les partenaires privés n’étaient en mesure de faire face.
Comment peuvent-ils poursuivre dans leurs mensonges sur 25 000 créations d’emplois alors qu’aucune étude sérieuse ne permet de le dire même dans les 20 prochaines années.
Trois mesures ont été prises car nous ne pouvons pas nous résoudre à abandonner ce projet :
· L’arrêt de la procédure du Partenariat Public Privé.
· La remise à plat du dossier par une mission de reconfiguration.
· La préparation d’un nouveau projet qui pourra être présenté dès le premier semestre 2014 à la Commission européenne afin de solliciter des financements pouvant atteindre 30%.
Frédéric Cuvillier, Ministre des transports et de la mer, en visite à Amiens, a très clairement défini les priorités pour ce projet :
- Mission de reconfiguration du projet;
- Relance forte du transport fluvial lié au transport ferré et de l’industrie de la batellerie en France. (Nous ne pouvons nous résoudre à simplement voir passer des barges, il nous faut les construire, les entretenir, les charger, etc.);
- Mise en réseau de l’ensemble des ports français ayant un intérêt au projet (Le Havre – Gennevilliers – Dourges) car, dans l’immédiat, le seul port bénéficiaires reste Rotterdam.
En élus responsables, nous poursuivons notre travail de réflexion et rappelons simplement que les élus régionaux de Picardie ont voté 80 millions d’euros pour ce projet. Ce travail ne consiste pas seulement à écrire au ministre ou à rencontrer les services, mais aussi à réfléchir avec les vrais financeurs sur le projet que nous voulons finaliser pour notre région, notre département, notre ville.
En élus responsables, nous en appelons à la sagesse de nos collègues d’Ile-de-France, de Haute Normandie et de l’ensemble des conseils généraux concernés afin que ce projet structurant pour notre pays devienne une réalité.
Je pense toujours qu’il y a des « diseux et des baveux » et qu’il y a aussi des « faiseux », catégorie dans laquelle les élus communistes, unitaires et progressistes de Picardie se retrouvent.