Une interview exclusive de Robert Hue, Président du MUP, au quotidien Sud Ouest dans l’édition de jeudi 23 mai 2013.
Par Jean-Pierre Deroudille. Interview à lire dans le quotidien en cliquant sur ce lien.
« Sud Ouest ». Pourquoi avez-vous créé votre propre mouvement politique, le MUP, et pour dire quoi ?
Robert Hue. J’ai pris mes distances avec la direction du Parti communiste français et avec la stratégie du Front de gauche, parce que je considérais que non seulement cette démarche n’est pas constructive, mais qu’elle divise la gauche.
Je suis un homme d’union, et le Mouvement unitaire progressiste, que j’implante aussi dans le Sud-Ouest, ne se retrouve pas dans cette opposition brutale à François Hollande qui est celle du Front de gauche. Il se situe plutôt dans un soutien lucide au pouvoir actuel. Avec une volonté d’infléchir certains choix plus à gauche. Je souhaite la réussite de François Hollande, je vois bien les difficultés, mais je vois bien aussi les dangers de ceux qui veulent son échec au bout du compte.
Le PCF s’en rend compte à l’approche des municipales. Pensez-vous que son alliance avec Jean-Luc Mélenchon va éclater ?
J’ai beaucoup d’amis chez les communistes, et je vois bien que sa démarche heurte beaucoup de militants et d’élus. En même temps, pour avoir été deux fois candidat à l’élection présidentielle pour le Parti communiste, je vois bien ce que pèsent aujourd’hui les institutions de la France. Le fait que [le Parti communiste] l’ait soutenu à la présidentielle implique qu’il apparaît aujourd’hui comme le leader du Front de gauche, alors qu’il n’est pas un dirigeant du Parti communiste.
Aux municipales, le parti de Jean-Luc Mélenchon ne pèse pourtant pas grand-chose ?
C’est bien pour cela que la stratégie du Front de gauche m’apparaît à bien des égards comme une impasse. Mon problème, c’est de fédérer ceux qui n’adhèrent pas à la démarche du Front de gauche, qu’ils trouvent trop véhémente, et ceux qui soutiennent la gauche au pouvoir sans aveuglement. Je ne suis pas social-démocrate, mais je soutiens le président de la République.
Au Sénat, vous siégez au RDSE, un groupe dont Jean-Michel Baylet, président des radicaux de gauche, fait aussi partie. Cela témoigne-t-il d’une réelle proximité ?
Je suis un progressiste issu de la sensibilité communiste. Je peux exercer mon pouvoir parlementaire en toute liberté au sein du groupe RDSE, puisque des hommes aussi différents que Jean- Michel Baylet et Jean-Pierre Chevènement y siègent également. L’essentiel, c’est que vivent nos différentes sensibilités.
Samedi, vous serez à Mérignac. Est-ce pour la préparation des municipales ?
Si je viens dans votre région, c’est bien parce que je compte y structurer notre jeune mouvement. À un moment où les Français sont inquiets, il y a là la possibilité de trouver une autre manière de faire de la politique.
Le MUP participera donc aux municipales l’année prochaine ?
Nous aurons des candidats partout où les conditions seront réunies pour qu’il y en ait.
Dans le Sud-Ouest ?
Bien sûr. Comme la gauche, qui représente 42 à 43 % des suffrages, n’est pas majoritaire, il faut que toutes les forces de gauche, au-delà des partis politiques majeurs, représentent sa diversité et son pluralisme. Le MUP prendra aussi place dans les listes régionales pour les élections européennes.