Par Ivan Renar, Délégué national du MUP à la culture, sénateur honoraire.
En ce début de siècle tourmenté où « personne ne sait plus parler à la foule et quel but lui donner et que lui dire demain » comme disait Louis ARAGON, avec ces « terrifiants pépins de la réalité », dont parlait le Jacques PREVERT de notre enfance, comment ne pas percevoir à quel point l’art et la culture sont déterminants pour construire nos vies.
Dans un monde où l’on assiste à l’offensive de l’ « argent absolu », comme on disait monarchie absolue, l’enjeu de la culture pour tous, de la création artistique, comme de l’enseignement artistique, c’est bien d’éclairer la richesse des hommes et des femmes. Et l’Homme est notre patrimoine le plus précieux.
Investir dans la culture, comme dans toute la « matière grise », est donc une décision éminemment politique au meilleur sens du terme.
C’est pourquoi, la puissance publique à tous les niveaux se doit de faire preuve de courage, à la création, mais aussi dans son action à l’égard des publics afin que tous, et chacun, puissent trouver dans l’art et la culture les moyens d’épanouissement personnel mais aussi l’émancipation citoyenne.
J’aime à citer l’auteur et metteur en scène Jean-Luc LAGARCE trop tôt disparu :
« Une société, une cité, une civilisation qui renonce à l’Art, qui s’en éloigne, au nom de la lâcheté, la fainéantise inavouée, le recul sur soi, qui s’endort sur elle-même, qui renonce au patrimoine en devenir pour se contenter, dans l’autosatisfaction béate, des valeurs qu’elle croit s’être forgées et dont elle se contenta d’hériter, cette société-là renonce au risque, elle oublie par avance de se construire un avenir, elle renonce à sa force, à sa parole, elle ne dit plus rien aux autres et à elle-ne dit plus rien aux autres et à elle-même »
La gauche bégaie sur la question. Les soustractions d’en bas rejoignent les soustractions d’en haut.
Le service public de la télévision exile les musiques en fin de soirée.
Service public de la culture et service public de l’éducation s’enferment dans une observation méfiante : arts et culture sont perçus comme secondaires et se trouvent dans les faits condamnés à ne constituer que la variable d’ajustement des politiques éducatives alors qu’elles sont au centre de la vie, de l’humain.
Au-delà des débats sur la définition de la culture, il est indiscutable qu’elle agit sur le réel, la relation à autrui, innove le rapport social et cimente les raisons du « vivre-ensemble » et de l’en-commun des hommes.
Si j’avais un message à délivrer aujourd’hui, ce serait : n’ayons pas peur de la création, du neuf, de l’invention, de l’imagination. Les artistes travaillent avec des mains d’avenir !
Il faut replacer la culture au centre de la vie, au cœur de la cité, car quand le capitalisme invente l’homme-jetable, quand tout va mal, l’art et la culture permettent aux hommes et aux femmes de rester debout, de continuer à inventer demain quand l’avenir semble interdit. L’Art, ça change la vie ! Et en cette période de crise profonde, on ne rappellera jamais assez que le temps de l’art, c’est la longue durée et que dans les Re-naissances, les artistes, les créateurs jouent un rôle fondamental. Les lendemains qui chantent c’est dès maintenant !